mercredi 28 janvier 2015

Ad Imaginem Dei 1 L'oeuvre invisible






"Lire et contempler cet ouvrage étonnant procure une grande joie, 
et aussi beaucoup d'autres sentiments plus modestes 
mais tout aussi agréables. Ce livre est vraiment l'ami des humains, 
fidèle et toujours de bonne humeur même quand il est douloureux."  

Thierry Berlanda 




Ce livre est le récit de ma longue histoire d’amour avec celle qui m’a aimé la première : la Vie.
Ce premier volume, tiré de mes carnets des années quatre-vingts, en partie reconstitués, complétés et modifiés quant aux noms des personnes évoquées, suit l’itinéraire tâtonnant du jeune homme marié et dépité, du créatif choyé et du peintre inconnu que j’étais, qui, poussé par la Nécessité intérieure (2décide de passer des agences de publicité, des studios et des salles de montages, à l'atelier, de la créativité à l'Imagination créatrice, des images fabriquées et falsifiées aux oeuvres d'art, du dehors au dedans, du visible à l’invisible, du désir à l’amour, de l’existence à la Vie, des idoles à la Vraie Image vivante de Dieu que nous sommes tous par naissance et par vocation. 

Ce premier volume raconte mes voyages en Europe et en Amérique, mes aventures et mes rencontres avec les artistes et les oeuvres qu'ils ont créées non pour notre divertissement ni par désir d'entrer dans l'histoire mais pour notre approfondissement intérieur, notre édification spirituelle.  J'ai donné à ces notes prises sur le vif la forme d’un récit illustré par les oeuvres dont je parle, espérant partager ainsi la joie et le désir de créer et de recréer par le regard et l'esprit les oeuvres que les artistes nous ont confiées




L’art a pour vocation première de nous enseigner la joie, la joie de vivre qui est la joie de créer. 
L’art du peintre est l'art de voir et de faire voir. Et vivre comme voir c’est recevoir ce qui nous est donné à vivre et à voir, ce qui est confié à notre regard. Re-garder cela veut dire prendre à nouveau sous sa garde, recueillir et aimer, veiller et éveiller. 

Regarder et recevoir de cette façon c’est recréer en nous les oeuvres que nous voyons, entendons ou lisons. C'est recevoir d'elles la vie que leur créateur leur a donnée en leur donnant de la sienne. Chacun recevant de l'oeuvre ce qu'il donne de lui-même dans la rencontre. C’est ainsi que les oeuvres d’art sont des lieux de rencontres, de relations, des lieux hospitalité, d'accueil et de recueillement. 
De telles oeuvres sont alors à nous véritablement, non pas comme des objets à posséder ou à collectionner, mais comme des oeuvres que nous avons vécues et qui vivent en nous pour toujours. 

Les véritables oeuvres d’art se reconnaissent à ceci qu’elles outrepassent immédiatement leurs réalités matérielles et historiques, leurs valeurs mondaines,  pour devenir des oeuvres immatérielles, des oeuvres de l'Esprit, pour devenir verbe, le verbe oeuvrer que chacun peut alors conjuguer au présent de sa vie. C'est ainsi que l’oeuvre d’art véritable, et véritablement rencontrée, conjugue au présent vivant de chacun le Verbe Créateur. Et par cette rencontre que se vérifie la vocation spirituelle de l'art. 

Le Verbe Créateur est la Vie en Personne qui nous donne de vivre d’éprouver tout ce que nous vivons. La Vie qui nous donne la liberté de la nier ou de la connaître vraiment en amour. Car l'amour est la connaissance suprême. Le Verbe est encore l'Esprit qui nous donne de nous imaginer à son Image, c'est-à-dire de nous faire vivant à l’Image de Dieu et de connaître sa Joie. 
C'est ainsi, et pas autrement, que l'art accomplit sa plus haute promesse : nous révéler  que par l'esprit nous pouvons connaître l'Esprit.

Ce livre est un recueil de grâces rendues aux artistes de tous les temps et une prière à la Vie.
C'est en cela qu'il est à l'anti-dote à l'art spectaculaire marchand spéculatif que l'époque et sa vaste entreprise nihiliste cherchent à nous imposer sous le nom d'art contemporain. 




Télécharger ce livre sur Appel Books






Texte : Robert Empain 
Illustrations : oeuvres de Genille Bellini et Wasily Kandinsky






jeudi 15 janvier 2015

Où il s'agit d'échapper à la mort de son vivant


Ad Imaginem Dei 1 L’oeuvre invisible, est le premier tome d'une série que je rassemble à partir de mes notes de voyages et de mes carnets d’artiste commencés en 1980.
Le titre de cette note : Où il s'agit d'échapper à la mort de son vivant, est l'exergue de ce livre... 




Ce livre est disponible ici sur iTunes Store pour iBooks 



 
 
 
Ad Imaginem Dei ?

Ces trois mots tirés de la Genèse Ad Imaginem Dei - À l'Image de Dieu et Vers l'Image de Dieu - désignent l'origine et l'orientation donnée à chaque Homme par le Dieu Vivant.   
Ces trois mots ont guidé ma vie et donc tout ce que je peins et écris, comme ils ont guidé la vie des créateurs dont je parle dans ce livre. Comme eux sans doute, je sais que je suis incapable de m’apporter moi même dans la vie, me reconnaissant alors la recevoir d’un Don, celui d'une Vie première qui elle a le pouvoir de se donner vie à elle-même et de me la donner ensuite, ainsi qu'à nous tous : la Vie absolue (1). 
 
En chrétien, je dis : je suis vivant par le Père qui avant que le monde et par une grâce inconditionnelle et ineffable m'appela à la vie, à sa Vie, à son Image vivante, ainsi que toi qui lit ces mots par le pouvoir de la vie qui t'habite. Le Père est le Nom invoqué par Jésus de Celui, l'Unique, qui ne cesse de nous faire vivants à son Image et pour sa ressemblance (Genèse 1,26), à savoir par amour et pour l'amour.




Paul Cézanne est un compagnon rencontré sur le chemin
de la vérité en Peinture. Je l'évoque longuement dans Ad Imaginem Dei




Dans les années quatre-vingts, années de déchirements et de grâces pour moi, années sources de ce premier livre, usant de ma liberté de l'invoquer, j'ai appelé le Père de toute vie le Vivant Amour ! car je reconnaissais en ce Père celui qui nous donne sa Vie par amour. Notre Père, par Marie notre Mère, nous donne son Fils unique pour accomplir et révéler aux hommes Celui qu'il est en vérité. Ce Fils renié, torturé et crucifié par les hommes pardonne aux hommes par amour pour les hommes en témoignage de l'Amour du Père. Ressuscité le Fils remonte auprès du Père d'où il ne cesse d'envoyer L'Esprit de Vérité qui insuffle dans les coeurs de ceux qui le désirent la Ressemblance accomplie par le Fils, qui est l'Amour qui donne la Vie éternelle.
 

Mais si avec le monde nous disons : cette histoire d'amour est décidément trop belle pour être vraie, c'est une folie, un drogue pour les peuples, une fable pour les enfants ou quelque-chose du même genre, nous perpétuons, par vanité, par aveuglement, par ignorance, le drame initial de notre exil de la vérité, nous pétrifions nos coeurs dans la négation du Don, nous vivons encore mais comme des morts-vivants. 
 
C'est cela, littéralement, exister : vivre sans savoir par qui  pour qui et pour quoi on vit, exister comme la plupart des vivants qui vivent en ignorant la Vie en eux et en l'autre et qui s'affairent dans un monde absurde à s'épuiser et à désirer des objets que ce monde sans amour fabrique pour eux, les morts-vivants ! 
 
D'eux-mêmes et tout ce qui vit sur terre les hommes ont fait des objets. Objets de mesures et de calcul pour leurs sciences, objets de désir pour les sciences humaines, objets de commerce pour le marketing, objet de prostitution pour la pornographie généralisée. 
 
Morts-vivants objets  voilà ce que sont devenus la plupart des humains qui en viendront un jour ou l'autre, sans savoir comment ni pourquoi, au dégoût d'eux-mêmes et des autres, au mépris du tout, au désir de fuir leurs existences insupportables de morts-vivants. Ceux là voudront mourir sans y parvenir, car même niée, même rayée de ce monde, la vie qui leur est donnée est éternelle et peut être éternellement niée. Cette condition tragique de mort-vivant éternelle, nos traditions lui ont donné un nom : l'Enfer.


L’oeuvre invisible ?

Ce livre de 373 pages, fait le récit de ma longue histoire d’amour avec la Vie. La Vie qui m’a aimé la première.   
Ce texte est tiré de mes carnets des années quatre-vingts en partie reconstitués, complétés et modifiés quant aux noms des personnes évoquées. Il suit l’itinéraire tâtonnant du jeune marié dépité, du créatif choyé et du peintre inconnu que j’étais alors, qui, poussé par la Nécessité intérieure (2), qui n'est autre que l'appel de la Vie en chacun, passe des agences de publicité, des studios et des salles de montages animées, à l'atelier silencieux, de la créativité à l'Imagination créatrice, des images fabriquées aux oeuvres d'art, du dehors au dedans, du visible à l’invisible, du désir à l’amour, de l’existence à la Vie, des idoles à la Vraie Image, aimante, aimée et vivante de Dieu - que je suis, que vous êtes, que nous sommes tous par naissance et vocation. 
Passant les barrières d’illusion et de doute que l’adversité du monde dresse devant nous ; passant par ces portes de Beauté qu'élèvent les artistes -- peintres, musiciens, poètes, mystiques -- guidé du dedans vers une lumière qui n'est pas de ce monde, je commençai à entrevoir des lueurs que les songes allumaient dans ma Nuit.





La Vierge en gloire entre saint Augustin et saint Pierre vénérée 
par un donateur, un tableau initiatique de 1435 de Robert Campin
 rencontré en personne sur le chemin qui conduit à la Vraie Image.


Au cours de ce parcours, je compris que la seule oeuvre digne d’être accomplie par un vivant échappe à toute appropriation en ce monde car elle n'est autre que celle que la Vie accomplit invisiblement en nous dès lors qu'ayant abandonné le monde et ses leurres nous nous confions corps, âme et esprit à son Esprit créateur, le laissant parachever son oeuvre en nos coeurs éblouis. 
C’est ainsi que sur mon chemin, ma pratique de peintre céda peu à peu la place à des créations immatérielles, à l'écriture, d'abord, à des Actions de grâce ensuite... Mais ce passage sera décrit dans les livres suivants...
 
(1) Michel Henry
(2) Wassily Kandinsky


Texte de Robert Empain. 2014
Illustrations Paul Cézanne et  Robert Campin, deux artiste présents dans Ad Imaginem Dei 1 L"oeuvre invisible 



lundi 12 janvier 2015

Je suis la Vie

Grâce à toi Luz

« La charge symbolique actuelle est tout ce contre quoi Charlie a toujours travaillé » a déclaré dans les Inrockuptibles le dessinateur Luz, rescapé de la tuerie du 7 janvier à Paris.


Je suis la Vie  (détail)


Il est une parole capable de nous libérer du malaise pointé par Luz autour débat vicié sur ce carnage sacrilège, comme de sa récupération par le spectacle politico-marchand et de l'éclosion spontanée de millions de Charlie gagas qui a suivie. Une parole qui pourrait faire la Une du prochain Charlie annoncé à un million d'exemplaires exemplaires, une parole qui serait une parole de Jésus Christ, inédite dans les unes frappantes  :" Laissez les morts enterrer les morts "

Car ceux qui tuent se tuent eux-mêmes spirituellement. Quant à ceux qui sont morts à ce monde ils vivent désormais dans le monde qu'ils ont créé à leur image. Quant à ceux qui font parler les morts pour leurs boutiques, ils ne savent pas qu'ils deviennent les spectres qu'ils invoquent. Quant à ceux qui pleurent sincèrement les morts nous leur rappellerons la parole des anges assis sur le tombeau vide au matin de la Résurrection : " Pourquoi cherchez vous parmi les morts celui qui est vivant ? "Et cette autre parole prononcée quelques instants plus tard par Jésus ressuscité à Marie Madeleine : " Pourquoi pleures-tu ? "  

L'Humour, l'esprit et le rire, sont propres l'Esprit qui souffle où il veut car Il est la Liberté et la Joie en Personne, Celui qui nous donne de nous rendre libres à son Image.  

Libres de quoi ?  
Libres de la mort, amis. Débarrassés de la mort idolâtrée et de la vie pétrifiée. Libres d'aimer la Vie qui ne meurt pas, libres alors de pleurer de joie et de rire à l'infini de nos folies !


Je suis la Vie 

Livre revivifié, élément du Festin déserté, une installation présentée à l'exposition Paroles inouïes. 

Galerie Karine Lauwers. Bruxelles 2012



  


Illustration et texte de Robert Empain

samedi 10 janvier 2015

Parution de Ad Imaginem Dei - L'oeuvre invisible


Chers lecteurs, chers amis de ce blog,

J'ai la joie de vous annoncer la parution de Ad Imaginem Dei 1 L'oeuvre invisible qui est le premier Tome de ma longue histoire d’amour avec la Vie. 

Issu de mes carnets de voyages et de mes notes d'atelier des années quatre-vingt, en partie reconstitués, complétés, modifiés quant aux noms des personnes et, dans cette édition numérique, abondamment illustré, ce récit suit la pérégrination du jeune époux dépité, du créatif choyé et du peintre inconnu que j'étais à l'époque, guidé par la seule maîtresse qu'un artiste doit écouter et épouser : sa Nécessité intérieure.  

Maîtresse de notre vie, Dame Nécessité Intérieure nous connait mieux que nous-mêmes et, pour autant que nous écoutions sa voix, elle ne cesse de nous pousser à devenir celui que sommes en vérité, celui que nous avons à devenir de toute éternité mais que ne pouvons rencontrer que hors du monde, dans la Nuit noire - mais bientôt éblouie - de notre âme. 

C'est ainsi que je quittai l’agitation des agences pour le silence de l’atelier, que je quittai les tournages et les salles de montages pour les rencontres intime avec les oeuvres et les artistes de tous les temps, que j'abandonnai l'excitation créative pour l'imagination active, les réunions stériles pour le combat spirituel, le dehors pour le dedans, le visible pour l’invisible, l’existence pour la Vie, les images falsifiées pour la seule véritable image, l'Image de Dieu, l'Image à laquelle nous sommes faits, l'Image vivante que nous avons à devenir, par vocation, par filiation. L'Image vivante que l'artiste, comme tout vivant, a pour mission de reconnaître et de ressusciter en lui ! 


Vous lirez ci dessous la première critique du premier lecteur de ce livre : 
le philosophe, le romancier et l'ami Thierry Berlanda. 

Grâce à lui 


Merci de me faire part de vos critiques, questions et commentaires 
et, si vous l'avez aimé, de faire lire ce livre autour de vous 




Ce livre est disponible ici sur iTunes Store.




A l’image de Dieu*

par Thierry Berlanda

Ce titre d’apparence canonique est celui d’un livre du peintre, penseur et poète Robert Empain. Cela dit, est-ce vraiment un livre ?  Et est-il vraiment canonique ? Deux fois non. Ce recueil de pensées, d’aventures et de prières est plus grand qu’un livre, plus sauvage aussi. Il n’est pas un objet à classer sur un rayonnage de bibliothèque : il fait partie de nous, présent dans nos cœurs bien avant même qu’il n’ait été écrit. Pas un livre donc, mais une révélation. Pas une référence, mais un ami intime. Pas une thèse, mais un chant.
Dans cette pérégrination tout autant rafraîchissante que brûlante (sa nouveauté nous brûle, à vrai dire, et sa brûlure nous renouvelle), nous suivons Robert Empain pas à pas, débonnaire, fervent, parfois en colère, mais d’abord et finalement scintillant de sa confiance en Dieu. Ici il visite Venise ou Florence, à contretemps des hordes de touristes, là l’Espagne, le sud de la France ou les Etats-Unis ; chaque fois l’occasion de rencontres, agréables ou déchirantes, et d’études lumineuses, non seulement de peintres, (ses évocations de Picasso, de Dali, de Cézanne, de Matisse, entre vingt autres, sont inouïes), mais aussi d’écrivains, de sculpteurs (son Cellini est sublime) ou de philosophes (Jung notamment, si l’on veut bien admettre ce génie, injustement réprouvé, parmi les philosophes).
Chaque fois, où qu’on le suive, où qu’il nous accompagne, Robert Empain agit et parle avec justesse, mais pas comme un sage en position de surplomb, jugeant et déjugeant, encapsulé dans ses certitudes, mais comme un homme parmi les autres, amoureux, enthousiaste, sagace comme pas deux, parfois frappé durement, mais se relevant toujours pour rendre grâce, sachant qu’il n’est pour rien dans le don qu’il reçoit, dans le don qu’il est, comme vous et moi, d’être miraculeusement vivant.
Ce livre, d’une profondeur et d’une beauté de volcan, n’est pas encore publié. Or aucun véritable éditeur, s’il en reste, ne peut laisser filer un tel OVNI, chant d’amour et gisement d’intelligence pure, sans tenter avec lui une rencontre du troisième type. Nous n’aurons de cesse de favoriser cette rencontre. Et pas dans l’intérêt de Robert Empain, qui ne s’en soucie pas, mais dans celui de tous ses lecteurs potentiels : c’est-à-dire tout homme ayant un cœur, ce qui nous fait encore un assez grand nombre.
*Ad imaginem Dei, premier tome : L'oeuvre Invisible, de Robert Empain, est une recension de ses rencontres, artistiques, intellectuelles, spirituelles ou simplement amicales et/ou amoureuses.




L'incroyable désir d'aimer que vous m'avez donné


Grâce à vous Robert et Marcelle,  mes chers parents



Robert et Marcelle, mes chers parents, ont quittés ce monde
le 9 janvier 2004 pour Maman et le 9 janvier 2009 pour Papa,
un même jour, au même âge, à cinq années d'écart.



Mon Père était si vif qu'à dix-sept ans il courait le quatre-vingt mètre mètres en neuf secondes et des poussières, ce qui était, selon ma Mère, le record absolu de la province du Hainaut. 
Sa vivacité extraordinaire lui a sauvé la vie un jour de la fin mai quarante où il venait d’avoir vingt ans et que la drôle de guerre était perdue. L’Etat-Major, où Papa était aide de camps, n’avait fait que reculer vers le Nord, dans les Flandres, de château en château. Là, acculés à la mer, paniqués, le dernier ordre des hauts gradés fut : chacun pour soi et bonne chance à tous !  Papa fut pris par les allemands avec les milliers de soldats qui fuyaient sur les routes et que les vainqueurs entassaient dans des camions. Profitant d’un arrêt du convoi, d'un bond, Papa sauta du camion et courut encore plus vite que d’habitude dans les bois et les champs de Flandres. 
Par chance, dans une ferme isolée, on lui donna un vélo, et par les petites routes, il fonça à toute vitesse vers sa fiancée, la femme de sa vie, celle qu’il aimait à la folie, la belle Marcelle, ma Mère. Marcelle, l'inespérée, la musicienne, la poète, celle dont toute la ville de Binche disait qu'elle ne marchait pas mais qu'elle sautait de joie, et même qu'elle volait en chantant dans les rues comme un pinson ! Marcelle, son aînée de cinq ans, qui était courtisée par les plus beaux partis de la ville. Marcelle, que mon jeunot de Papa ne savait pas comment conquérir sinon en lui criant son incroyable désir de l'aimer et de vivre, en lui lançant son regard noir et vif et parfois même, m'a-t-elle dit, en se tapant la tête contre un mur jusqu'au sang ! Marcelle qui l'aimait tant, et qui l'aime tant depuis cinquante ans, qu’elle a tout donné.  Oui,  toute cette vivacité, tout cet amour, toute cette passion et ce vif appétit de la vie que vous aviez, vous nous les avez donnés à pleines mains à nous, vos quatre garçons. Et vous l'avez nourrie intensément de tout ce qui est vivant : des meilleures nourritures terrestres et célestes, d'embrassades, de musiques, de poésies et de rires, de festins, de cris, de disputes, de tourments, de colères, de peurs, de pleurs, de pardons, de prières et de courage. 
Papa, le Nom que tu portes et que tu as donné à Maman et à nous tes enfants, après l'avoir reçu toi-même, ce nom de pain nourricier, de pain d’amour, tu l’as incarné, vous l’avez incarné Maman et toi, et, malgré toutes les adversités et les peines, vous l'êtes devenu ce Pain,  car vous n'avez fait qu'un dans ce devenir. Oui, chers Parents, chers Robert et Marcelle, chers enfants de Dieu, ce Pain de vie, vous nous l’avez donné à manger chaque jour et il n’a pas fini de nous nourrir.

Illustration : photographie de Gérard Lebrun 
Texte : extrait de Ad Imaginem Dei 1 L'oeuvre invisible. Robert Empain