mardi 21 février 2017

Bête comme un peintre ?


Grâce à toi Léonard de Vinci

Extrait de Ad Imaginem Dei 1 L'oeuvre invisible

par Robert Empain 


Bête comme un peintre ?
L’art conceptuel, art immatériel, art d’attitude par vocation, peut parfois se rapprocher de l’art spirituel, par son humour, son esprit donc, son humilité ou son ascèse. Mais, malheureusement, le plus souvent, il se contente d’illustrer esthétiquement une idée, une opinion ou une théorie de l’art, à l’aide d’un objet, une installation ou de tout un dispositif didactique qui se font passer pour de l’art. Ces mutations d’idéalités pures en objets marchands ou en machines muséales sont opérées par de nombreux imposteurs devenus fabricants d’expositions pour l’art officiel, ses musées, ses galeries.
Pour persuader les critiques, les commissaires et les riches collectionneurs de leur pertinence, ces fabricants d’articles conceptuels se réclament de Kant, de Wittgenstein et autres de Saussure ou Lacan, sans oublier le père fondateur, Marcel Duchamp, dont ils répètent en boucle l’apostrophe à l’égard de ses confrères : « Bête comme un peintre ». Ne manquant jamais de rappeler son prétendu rejet de la peinture comme « art rétinien ». 
Qui n’est pas fatigué de cette chanson ?



Saint Jean Baptiste 1513-1516 - Léonardo da Vinci


C’est entendu, il y a toujours eu de mauvais peintres, les bêtes  imitateurs que dénonçait Duchamp. De même, en ces temps de détresse, nous ne manquons pas de borgnes munis d'objectifs et de pédants munis de dictionnaires de citations. La bêtise est  répartie équitablement entre tous et se donne sans compter aux artistes auto-proclamés qui méprisent l’oeil de l’âme et le soleil du coeur.
C’est pourquoi, un peintre génial, maître vénéré des maîtres, ami d’enfance, se sentant insulté par ces imposteurs, m’a chargé de répondre ceci à ces perroquets :

« Qui perd la vue perd la perception de la beauté de l’univers et reste semblable à celui qui serait enfermé vivant dans un sépulcre (...) Ne vois-tu pas que l’œil embrasse la beauté universelle ? Tous les arts humains il les conduit et les corrige. Il a engendré l’architecture, la perspective et la divine peinture.
O Super excellence de toutes choses créées par Dieu, comment te louer, comment exprimer ta noblesse ? Quelle race, quelle langue, sauraient décrire ta véritable opération, fenêtre du corps humain par où l’âme contemple et jouit de la beauté du monde, et ainsi se console de sa prison corporelle, qui sans cette beauté serait un tourment. L’œuvre que l’œil commande aux mains est infinie, comme le montre le peintre par l’invention de formes, d’animaux, d’herbes, de plantes et de sites innombrables.»

Mais qui est ce rétinien rétrograde ?  Léonardo da Vinci. 


L'ange de Léonard. Huile et pastel sur papier ( pour l'ange). 1993. RE


Et ceci encore, par Johann Wolfgang Gœthe, génial admirateur du premier : « L’œil est le plus haut résultat, l’effet ultime de la lumière sur le corps organique. L’œil comme créature de la lumière réalise tout ce que peut réaliser la lumière elle-même. La lumière transmet le visible à l’œil ; l’œil le transmet à l’homme tout entier. L’oreille est muette, la bouche est sourde ; mais l’œil perçoit et parle. De l’extérieur le monde se reflète en lui, et de l’intérieur l’homme. La totalité de l’intérieur et de l’extérieur est accomplie par l’œil. »




Illustrations : Peintures de Léonardo da Vinci et Robert Empain ( Attention, les tableaux ne sont pas des images.)
Texte : Robert Empain, extrait de Ad Imaginem Dei 1 L'oeuvre invisible, disponible sur iTunes Store -  Edition papier disponible sur demande.