vendredi 11 juillet 2025

Naitre au Ciel d'où nous venons, en retrouvant la Voie ouverte par le Christ !

Grâce à toi Annick de Souzenelle 

En naissant au ciel, Annick de Souzenelle a vécu l’ultime « visite de l’Amant divin » dont elle suivit les voies tout au long de sa vie. En mémoire de cette femme essentielle, nous publierons cet été quelques uns de ces textes éclairants, en commençant aujourd'hui par la recension d’une rencontre qu'elle eut avec Michel Maxime Heger quelques mois avant son envolée céleste à 103 ans, alors qu'elle publiait son dernier ouvrage intitulé Méditation sur la mort.  La flamme de l’Esprit continuait à l’animer malgré son grand âge et la maladie et, si il  fut question de la mort lors de cette conversation il s'agissait surtout de parler  du «grand retournement» à savoir de la mutation que doit opérer notre humanité pour répondre en profondeur aux effondrements actuels et à venir...



Prier avec l'ange. 1933


Le grand retournement

        " J’ai eu la joie de revoir Annick et de lui dire à-Dieu le 24 novembre 2024 à de Rochefort-sur-Loire où elle séjournait alors. Elle m’attendait, calée au fond d’un fauteuil à côté de son lit, souriante, le corps fatigué mais l’œil vif, au milieu de ses livres et de ses icônes. Quand je lui ai demandé comment elle allait, elle a balayé la question d’un revers de la main: «Sans intérêt!» Elle m’a de suite parlé de son nouveau livre, Méditation sur la mort, qui venait de paraître aux Editions Le Relié. Elle me l’a offert avec une chaleureuse dédicace.



Annick de Souzenelle cette grande dame centenaire, médite sur cette ultime aventure qu'est la mort et 
sur la mutation engagée lors de ce processus sur la capacité à transcender notre part animale lorsque nous "rendons l'âme" et enfin sur ce qu'elle appelle "les gardiens des seuils d'évolution"
auxquels nous devons  sans cesse nous confronter dans la vie comme dans l'au-delà.
Un entretien sur la conscience conclut cet ouvrage fulgurant.


        Elle m’a interrogé sur mon propre cheminement. Je lui ai raconté un peu de mon engagement pour la «transition intérieure», c’est-à-dire les dimensions culturelles, psychologiques et surtout spirituelles de la métanoïa radicale, individuelle et collective, à opérer pour répondre aux bouleversements, pour ne pas dire aux effondrements écologiques et sociaux en cours et à venir. Cela résonnait fort avec ce qui est au cœur de ses derniers ouvrages: le «grand retournement» [2]. Pour elle, sans savoir quand ni comment, une telle mutation était inéluctable. Pas seulement au plan personnel – nombre de mystiques l’ont déjà vécu et en témoignent – mais aussi collectif. Elle m’a expliqué que l’humanité, encore «en gestation dans le ventre cosmique», est entrée dans son septième mois, c’est-à-dire le moment où le fœtus, achevé sur le plan anatomique et physiologique, «se retourne» dans la matrice maternelle.

Je lui dis que, oui, l’humanité est à un carrefour de son histoire. Oui, une telle mutation est absolument nécessaire pour accomplir la «grande transition». Oui, depuis une bonne vingtaine d’années, on peut observer une levée de conscience aux plans individuel et collectif. Mais en même temps, ai-je précisé, je ne suis pas sûr que ce «grand retournement» soit si proche qu’elle le dit. Une part de moi espère, mais une autre doute de son accomplissement réel aux niveaux sociétal, politique et économique, tant les inerties structurelles sont fortes.

Là, elle n’a pas répondu. Mentionnant en particulier l’absurdité de la surconsommation, l’aveuglement des politiques assoiffés de pouvoir, la folie des nationalismes, l’ignorance des soi-disant experts, elle a reconnu que les hommes et les femmes peinent à entendre l’invitation divine et, quand ils l’ont entendue, à la vivre vraiment et à l’actualiser. Beaucoup restent esclaves du vieux monde, avec ses valeurs et sa vision obsolètes. Le fruit de la peur et d’une connaissance sans sagesse ni amour, prisonnière des illusions du mental.

" Ce n’est pas seulement le jardin d’Eden que nous devons cultiver et garder, mais notre cosmos intérieur."



Annick de Souzenelle. 2024

Au cœur de l’écospiritualité

En matière écologique, Annick partageait le constat radical – allant aux racines des problèmes – de notre séparation profonde avec la nature et du besoin fondamental d’une reconnexion avec le vivant. Elle avait cependant des réserves face à la tendance, très marquée chez certains philosophes et écopsychologues, à exalter notre animalité et le sauvage. Elle y voyait une ambiguïté, le risque et même le signe d’une forme de régression, d’un enfermement dans ce dont nous avons précisément à nous libérer pour réaliser le «grand retournement».

Et de rappeler, dans sa vision, que l’Adam à l’état animal, recouvert d’une «tunique de peau», est dans l’oubli de la semence divine qui le fonde et dont il est porteur. Il reste prisonnier des «Eaux d’en Bas», engoncé dans l’horizontalité de champs de conscience finalement stériles et sans issue. Pour faire croître la semence divine, dont il est riche et qui le différencie des animaux, il doit se verticaliser. C’est-à-dire précisément sortir de son identification à l’animal et, en les intégrant, en transformer intérieurement les énergies en gravissant l’échelle vers les «Eaux d’en Haut».

C’est ce qu’Annick avait dit avec force lors du forum «Ecologie et spiritualité» au centre bouddhiste Karma Ling en Savoie en octobre 2004, où nous intervenions. «Ce n’est pas seulement le jardin d’Eden que nous devons cultiver et garder, mais notre cosmos intérieur.» [3] Elle a développé cette vision dans un long entretien, «Transformer notre cosmos intérieur».

" En termes bibliques, nous ne mourons pas mais nous mutons."


Nouvelle naissance

        Au bout d’une heure de discussion assez intense, avant de nous quitter, sachant que nous n’allions sans doute pas nous revoir ici sur terre, elle m’a redit en termes plus simples ce qu’elle développe dans son dernier opuscule et qui est un formidable message d’espérance: « En termes bibliques, nous ne mourons pas mais nous mutons. Il ne s’agit que de la disparition de notre tunique de peau pour en libérer le “souffle”, soit l’Esprit qui, lui, demeure et fait muter l’Être. […] Ce moment si redouté n’est-il pas celui d’une pénétration amoureuse de l’Amant Divin?» [4]

Dans ce même texte, elle parle aussi de la mort comme une «visite divine aimante», qui «nous réintroduit dans notre état originel, soit “l’autre côté de Dieu”». [5] Autrement dit, la mort fait partie de la Vie. Elle n’est pas une porte qui se ferme, mais une fenêtre qui s’ouvre sur un autre plan de réalité et de conscience. Pas une fin, mais un commencement. Une nouvelle naissance : au Ciel.

Annick a traversé le fleuve de l’Un pour continuer à gravir l’échelle vers la Réalité ultime dont elle a témoigné et dont elle invitait à faire l’expérience dans cette vie. Dans le silence, l’invisible, sa présence absence fécondante, elle continue son voyage «sur le chemin nuptial de la rencontre avec le Bien-Aimé» [6]. Que les anges si chers à son cœur l’accompagnent !

                                         Une conversation recueillie par Michel Maxime Heger

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Notes

[1] Méditation sur la mort, Le Relié, 2023, p. 24.

[2] Voir Le grand Retournement, Le Relié, 2020.

[3] Ecologie, spiritualité: le rencontre, Yves Michel, 2007, p. 162.

[4] Méditation sur la mortop. cit., p. 47 et 33.

[5] Ibid., p. 34.

[6] «Va vers toi», Albin Michel, 2022, p. 59.



dimanche 15 juin 2025

À quoi bon des artistes en ces temps de détresse ?

Mille Grâce, mille larmes de joie !


A propos de l'exposition Des ciels tombés du Ciel ! de Saskia Weyts et de Robert Empain à la Galerie  Grâce à Bruxelles du 05 au 22 juin 2025.



      Les racines et les causes de la crise profonde que nous endurons et la mutation de civilisation que nous    traversons sont, selon nous, essentiellement spirituelles.

"La pensée moderne, écrivait le philosophe Michel Henry en 1996, repose sur la connaissance scientifique et non sur la connaissance que l'homme peut avoir de sa propre essence. Dans le champ ouvert par la science moderne l'homme en tant que tel n'existe pas, une négation qui équivaut à celle de Dieu - un réductionisme non voulu par la science mais inévitable et effectif. La défense de l'homme véritable, transcendental, est la tâche de la philosophie, mais la pensée moderne l'a trop oubliée. Que reste t'il de l'homme hors de la Vérité de la Vie, dans la vérité de ce monde qui aujourd'hui est d'une certaine façon l'Anté-Christ et dont l'agir est réduit à la technique, faisant de l'homme un automate ? Toutefois les hommes voudront mourir et non la Vie"


Vue de l'exposition à la galerie Grâce à Bruxelles


    Nous assistons à l'agonie de ce système nihiliste et à la mutation de notre civilisation, en d'autres termes à une apocalypse au sens propre d'un effondrement accompagné d'une révélation et d'une mutation spirituelle de l'humanité. Mutation qu'appelaient de leur voeux et préparaient par leurs oeuvres les grands esprits du XXe siècle...

    Comme tout homme, l'artiste véritable est appelé par une voix intérieure, une vocation à laquelle il ne peut se dérober si elle lui vient non pas du monde mais de l'Esprit qui lui donna ses dons avec la vie, le guidant tout au long de sa pérégrination terrestre vers son accomplissement en Humanité. Pour le chrétien que je suis, l'accomplissement de l'Humanité en tout être humain se nomme la Seconde naissance en Esprit, c'est-à-ditre la reconnaissance de sa filiation divine, sa Naissance agréée en Dieu, comme nous le révéla Jésus Christ lors de sa rencontre nocturne et avec le lettré Nicodème. Jean 3, 1-21

 


Saskia Weyts. Ouverture du Ciel dans la nuit. 2004/ 2025

    Si de nos jours, de tels artistes existent, ils sont peu nombreux et agissent en marge du sytème mondialiste de l'art qui a réduit les artistes, souvent sympathiques, talentueux et habiles, à fabriquer servilement, massivement et profitablement des produits artistiques pour un marché de l'art mondialisé, ces produits constituant un Fond d'investissement parmi d'autres pour les très riches, une monnaie mafieuse en somme, spéculative et convertible, appelée Art contemporain.

    De plus en plus de gens sont conscients de cette réalité tragique de l'art de notre temps, de sa déchéance    concomitante à celle de l'Humanité en l'homme, elle même liée, comme je le rappelle ci- dessus, à la destruction de sa Nature humaine par la négation de sa Nature divine originaire, et par cela absolument sacrée.

    Je pense que la plupart des lecteurs de ce blog ne sont pas éloignés de cette vision spirituelle de la crise actuelle et de l'épreuve décisive que traverse notre Humanité, en chacun comme en tous.

 

Robert Empain. J'apparaîtrai dans la nuée. Tempéra sur carton. 60x80 2025
 

 

   

    C'est pourquoi, nous vous invitons à venir nombreux pour voir exposition de notre travail à la Galerie Grâce, un lieu que nous avons créée en 2003 à Bruxelles, en marge du système de l'art, pour y faire vivre un art spirituel pour les vivants, un art qui vient et nous vient par la grâce de notre Créateur.


Catalogue et prix à la demande à grace.gallery@icloud.com
Merci de votre bienveillante attention 



 

vendredi 6 juin 2025

Des ciels tombés du Ciel dans les yeux et le cœur de Annelies A.A. Vanbelle.

                                    Annelies A.A. Vanbelle est poète, journaliste et critique d'art 

Texte original en néerlandais, traduction français ci-dessous

        In Galerie Grâce in Brussel stellen twee kunstenaars tentoon die ik in mijn hart draag:Robert Empain & Saskia Weyts, toevallig ook een liefdeskoppel. Ze werken afwisselend in Belgie/Frankrijk/Portugal en vooral dat laatste land ademt door in het werk van Saskia, die op een erg vrouwelijke en ontvangende manier creëert, en in nauwe verbinding met de natuur. Robert werkt meer verhalend en mystiek, geschraagd door een grote bijbels-filosofische kennis.


        Het huwelijk van hun werken is zo vanzelfsprekend dat je soms een beetje verdwaalt tussen hun identiteiten, en vergeet wie welk werk heeft gemaakt. Dat heeft vooral te maken met de verfijning die ze delen, met de geestelijke rijkdom waarop ze beiden teren, want hun werk is daarnaast ook heel verschillend. Doch de verstilling van de ziel, die nodig is om werken met dergelijke hoge vibratie te maken, is wel steeds aanwezig.


Saskia Weyts. 2024

    Dat voel je ook meteen als je de galerie binnenstapt — een sfeer die niet van deze wereld is, een puurheid en echtheid die je nog zelden vindt. Zoveel licht... De werken zijn ook zeer bedachtzaam en ritmisch opgehangen, met genoeg ademruimte om ze stuk voor stuk en toch in correlatie te kunnen opnemen. Loop gerust eens binnen als je in hartje Brussel bent de komende tijd, Saskia & Robert zullen je met open armen ontvangen op hun expo ‘Des ciels tombés du Ciel'.

Luisteren naar God, naar wat ons uit de hemelen gegeven wordt, en dat op papier krijgen — het is niet iedereen gegeven.


Saskia Weyts. 2025


   

     La Galerie Grâce à Bruxelles expose deux artistes que je porte dans mon cœur : Saskia Weyts & Robert Empain, qui se trouve être aussi un couple d'amour. Ils travaillent en alternance en Belgique, France et Portugal et ce dernier pays respire dans le travail de la Saskia, qui crée de manière très féminine et très réceptive, en étroite relation avec la nature. Le travail de Robert est plus narratif et mystique, nourrit par des grandes connaissances philosophiques et bibliques

Le mariage de leurs œuvres est tellement évident que parfois on se perd un peu entre leurs identités, et on oublie qui a créé quel travail. 

Il faut essentiellement voir le raffinement qu'ils partagent, leur richesse spirituelle à tous deux alors que leur travail demeure très différent. L'alignement de l'âme est nécessaire ici pour résonner avec une vibration aussi élevée et toujours présente.


Robert Empain. 2025


Robert Empain. 2025

Vous sentez immédiatement en entrant dans la galerie une atmosphère qui sort de ce monde, une pureté et une authenticité rarement trouvées. Tant de lumière... Les œuvres sont également accrochées de façon très réfléchie et rythmé, l'espace de respiration permet de maintenir chaque pièce en elle-même et en corrélation avec les autres.

Si vous êtes au cœur de Bruxelles dans un avenir proche, n'hésitez pas à entrer à la Galerie Grâce, Saskia & Robert vous accueilleront à bras ouverts dans leurs ciels tombés du ciel ! Annelies A.A. Vanbelle 


dimanche 18 mai 2025

Des ciels tombés du Ciel ! Exposition de Saskia Weyts et de Robert Empain à la Galerie Grâce de Bruxelles.


    La Galerie Grâce a le plaisir de vous annoncer l'exposition de Saskia Weyts & Robert Empain. Deux artistes inspirés qui se sont connus en 2003 en cette galerie même et ne se sont plus quittés depuis, partageant leurs vies, nourrissant mutuellement leur inspiration tout en conjuguant leur engagement pour un art spirituel en ces temps apocalyptiques, d'effondrement, de révélation et de mutation de la civilisation. 

Un catalogue papier présentant une introduction à cette exposition et une cinquantaine de travaux est édité à cette occasion et sera envoyé en version numérique sur simple demande à la Galerie Grâce. L'introduction et quelques travaux sont publié ici. 

Vernissage le jeudi 05 juin 2025 - 17h00–21h00 / Ouverture 06 - 22 juin - vendredis - samedis - dimanches 11h00 -19h00



Saskia Weyts. Mariage au Ciel. Huile sur papier. 40x80cm. 2024



Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. 

La terre était informe et vide: il y avait des ténèbres à la surface de l'abîme, 

et l'esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux. 

Dieu dit: Que la lumière soit ! Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne; 

et Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres. 

Dieu appela la lumière jour, et il appela les ténèbres nuit. 

Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le premier jour. Genèse  1, 1-5


Ce qui nous tombe du Ciel c’est le soleil et la terre et tout autour les ciels de toutes les   couleurs et les mers immenses sur lesquelles se mirent les splendeurs de la Création. Ce qui nous tombe du Ciel c’est la vastitude des terres éblouies desquelles jaillissent les montagnes, les sources, les fleuves, les vallées, les lacs, les plaines, les forets, les arbres, les fleurs, les fruits, les oiseaux, les poissons, les animaux et milles autres créatures vivantes. Ce qui nous tombe du Ciel c’est la lumière du jour qui donne vie à tout cela et se retire la nuit pour nous dévoiler le miracle infini de l’univers. Ce qui nous tombe du Ciel c’est la beauté de la Création qui nous révèle la Beauté de son Créateur. Ce qui nous tombe du Ciel c’est la vie, la Vie divine donnée à tout homme pour qu’au-delà du créé il puisse connaître et naitre dans le Ciel incréé d’où il vient. Ce qui nous tombe du Ciel c’est la grâce de pouvoir témoigner de ces merveilles tombées du Ciel dans nos yeux, dans nos mains et nos modestes œuvres en vue de nous ouvrir quelque peu la Voie de l’Amour inconcevable. Dans cet esprit et cette intention, Saskia Weyts et Robert Empain ont rassemblé pour cette exposition des œuvres récentes et anciennes sur ce thème des ciels tombés du Ciel.




Saskia Weyts. Ciel ouvert dans la Nuit.  Huile sur papier. 30x40cm. 2024


Tout ce que est en Haut est en bas. Hermes Trismégiste


Que n’ai-je que je n’aie reçu ? Saint Paul


Depuis toujours, Saskia Weyts s’émerveille de la beauté inépuisable de la nature, elle s’en imprègne longuement et nourrit ses créations de la créativité illimitée de la Création qui l’entoure. Saskia n’imite pas la nature créée de manière naturaliste, elle cherche à poursuivre la Création en prolongeant ses gestes, en recevant ses énergies, en recueillant les forces qui créent les formes, les vibrations lumineuses que révèlent les couleurs, en pénétrant les matières, en guidant les fluides comme le fond de mille façons les eaux tombées du ciel, jaillissant des sources et courant sur la terre vers l’océan en se mélangeant à l’infini. Ce faisant, Saskia révèle les potentialités inépuisables qui nous relient à la Puissance créatrice à l’œuvre sur cette Terre comme au fond vivant de nous-mêmes. Ces séjours fréquents au Portugal depuis 2012, où elle installa un atelier dans une nature protégée au bord de l’Océan Atlantique, l’ont mis en étroite relation avec une nature surpuissante, une lumière éblouissante, des paysages et des ciels sublimes qui ont profondément inspiré son travail. Cet hiver, ces ciels lui ont offert une série de peintures tombées du Ciel dans ses mains accueillantes. Grâce à eux et à elle. 



Saskia Weyts. Fureur du Ciel. Huile sur papier. 30x40cm. 2024

                     Le désir de vérité de l'âme ne peut être réduit au silence, car il est l'essence même de la liberté. 

La connaissance est illimitée, et chaque esprit recèle un potentiel de sagesse infinie. 

Le cosmos est un miroir du divin, une vaste tapisserie tissée d'ombre et de lumière. 

Par la quête de la connaissance, nous parvenons à comprendre notre propre nature divine, découvrant que nous sommes à la fois créateur et création. Giordano Bruno 



        
 Robert Empain. 
Prière avec l'ange. Tempéra sur papier 80x120 cm. 2004 - 2025

    

                                                                                                

Pour Robert Empain, le cœur du Sujet est l’Homme, précisément sa Nature humaine oubliée, reniée, dégénérée et menacée comme jamais, alors que tout homme est fait à l’image de Dieu; à savoir vivant et libre de connaître et d’aimer ce Don divin qui donne tout être humain à lui-même pour qu’il multiplie ce Don.  


A quinze ans, alors qu’il commence ses études d’art, Robert Empain découvre à Gand et à Bruges la peinture des primitifs flamands et italiens. Cette rencontre lui révèle que certaines œuvres d’art, les chefs-d’œuvre, agissent comme des apparitions, comme des appels célestes, des ouvertures sur l’invisible, ou comme des ciels tombés du Ciel, comme l’évoque le titre de cette exposition, c’est-à-dire des révélations, des théophanies susceptibles de révéler à l’homme la Nature divine de sa Nature humaine.


Depuis ce jour de 1964, Robert Empain n’a cessé d'approfondir cette expérience fondatrice et de consacrer sa vie et son œuvre d’artiste et de poète à témoigner de la haute et très nécessaire vocation spirituelle de l’art alors que cette vocation est oubliée sinon méprisée par cette époque et que l’homme post-moderne, et bientôt trans-humain, atteint le fond de sa déchéance et de sa perdition par la négation de sa véritable Nature.                  


Les travaux anciens et les plus récents qu’il propose pour cette exposition traduisent pour les premiers sa vision de la négation moderne de l’homme par lui-même, autrement dit le nihilisme en phase terminale, et pour les seconds, plus récents, la Voie de Salut que nous offre la Révélation chrétienne qui complète et accomplit les révélations antérieures confiées aux grandes traditions spirituelles. Car de tout temps, la connaissance que peut avoir l’homme de son Essence, de sa Nature humaine véritable, de sa filiation divine, n’a pu s’obtenir que par la Voie de révélation, de révélations répétées, inspirations directes, miracles et théophanies venues du Ciel de Dieu et transmises par ses messagers, les anges, les prophètes, les Écritures, les preuves vivantes que sont des saintes, les saints, et les personnes de cœur, tous messagers parmi lesquels il faut compter des artistes, des musiciens et des poètes. Grâce



 Robert Empain. 
Prière de Dieu, prière de l’homme, prière de la Création. Tempéra sur papier. 48x65cm. 2025 

        

                   


Robert Empain. La Chute Caséine sur toile. 80x120cm. 1990 / 2025 


          

L’art est un médiateur de l’indicible ; vouloir le communiquer à son tour  par des mots semble donc insensé. Cependant, lorsque nous nous y efforçons, la raison en retire maint bénéfice 

qui, en retour,  profite aussi à la faculté exécutante. Goethe

   

 La réalité suffisamment contemplée devient miracle. Henry Corbin


Dieu ne joue ni ne calcule au moment de procéder à la Création ou de s’incarner ; de cette entre-vison, 

le peintre prend naissance et pense le renversement de l’azur. Jad Hatem


La nouveauté ne peut pas venir du monde des possibilités déjà éprouvées, mais de l’instauration 

de nouvelles possibilités par la liberté créatrice, pour faire éclater la nouveauté de la vie. 

Jean-François Froger



Que Votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel». Le Notre Père 


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Le catalogue présente une cinquantaine d'œuvres quelques œuvres complémentaires 

 seront présentées à la galerie ou sur son site :  https://galeriegrace.blog


Pour connaître le prix, déposer une option ou réservez une oeuvre veuillez contacter la galerie Grâce : 

grace.gallery@icloud.com  : Tel : +32 486860071


Livraisons postales assurées en Belgique et à l’étranger. 

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Galerie Grâce. Impasse du Val des Rose, 4 1000 Bruxelles





mercredi 30 avril 2025

Du combat spirituel à la déification

 Grâce à Jean-François Froger

Jean-François Froger, Du combat spirituel à la déification

Éditions grégoriennes, 2019

Recension de Marion Duvauchel

    Publié il y a six ans, Du combat spirituel à la déification est la mise par écrit d’un cycle d’enseignement donné dans le cadre d’une retraite animée au monastère de Cerfroid, pendant trois années consécutives. L’objectif affiché en était de « disposer les cœurs et les âmes à une « rencontre » où « la fine toile qui nous sépare de la connaissance véritable de la divinité pourra être brisée » (p. 136). Avec ce livre, l’enseignement d’abord réservé à quelques-uns est ouvert à tous ceux qui sont disposés à « l’entendre » c’est-à-dire à le laisser retentir dans leur cœur et leur intelligence, à le laisser mûrir aussi et donner du fruit.

Pour comprendre l’objectif énigmatique de ces trois retraites, il faut commencer par la mi-temps du livre : un long passage in extenso de saint Jean-de la Croix, dans lequel notre saint patron des mystiques décrit précisément les trois « toiles » qui nous séparent de Dieu. Les deux premières toiles qu’il faut briser, toute l’histoire de l’ascèse chrétienne nous en donne le rude mode d’emploi : vendre ses biens pour les donner aux pauvres, se raser ou de se couvrir la tête avant de se cloîtrer, passer de longues heures en prière, jeûner, se mortifier. La voie de saint Jean est la voie de l’amour et l’ascèse de son siècle n’est plus la nôtre.  

J. F. Froger propose une voie de connaissance qui implique un autre type d’ascèse et de renoncement : elle invite à une conversion de l’intelligence.

« La piété nous presse de changer de conduite pour abandonner les convoitises de ce monde (…). Elle ne nous presse pas moins de changer de conduite en ce qui concerne l’intelligence», tout simplement «parce que la corruption de l’intelligence est invisible et insensible ».

Il faut briser la toile qui empêche l’intelligence humaine de communiquer avec l’Intelligence souveraine, l’Intelligence divine, dans un échange sublime qui est une union et que saint Jean de la Croix appelle «une rencontre».Il faut libérer l’intelligence de la toile qu’elle a construite elle-même, toile d’idées fausses qui l’enserrent et l’empêchent d’entrevoir la Bonté, de l’Amour, la Beauté de Dieu. Il faut en particulier «sortir de la pensée expérimentale et des modèles intellectuels forgés par des siècles de réussite matérielle et technique (…) de cette sagesse conduisant au nihilisme, au trans-humanisme dont l’image la plus sûre est celle des cadavres embaumés dans les pyramides». (p. 224).

La vraie mort n’est pas la mort biologique mais la mort spirituelle, et le plus grand obstacle« est en nous-mêmes, dans la façon dont nous écoutons et comprenons ». Mais aussi dans la façon dont nous recevons, à commencer par la vue réelle du péché, qui est «notre incapacité d’être dans la foi et la justice». Douloureuse expérience, mais salvifique puisqu’elle fait entrevoir l’Amour de Celui qui enlève le péché du monde. Il faut donc comprendre la nature même de ce péché à travers les images qui nous informent : le sens de la nudité honteuse d’Adam et Eve, la «chair de péché» qui est la nôtre. Toute une exégèse est développée qu’il nous suffit de suivre et de méditer.

Cette libération, qui est délivrance et guérison requiert d’abord un combat. C’est l’objet des quinze premiers entretiens. Qui combattre? les «principautés et des puissances mauvaises». «Au cœur de la recherche scientifique se cachent de féroces démons». Nous commençons à voir les fruits mauvais des énergies mauvaises libérées dans l’histoire, de « ces esprits rebelles qui suscitent toujours la même convoitise vers une intelligence parfaitement auto-référente ».

Le remède, c’est de se renier soi-même. Première toile à briser. Suivre le Christ implique l’expulsion du démon mais aussi la crucifixion de l’homme intérieur et de ce à quoi il s’est identifié.

Ces chapitres/entretiens n’éclairent pas seulement les images du combat que fournit saint Paul – l’épée de justice, la cuirasse, les chaussures, le bouclier, le glaive, ils sont aussi destinés à éclairer «le rôle du monde angélique qui se révèle dans la lecture croisée des Écritures et de l’enseignement de Jésus». C’est précisément cette lecture croisée qui nous est proposée en s’appuyant sur une grande diversité de thèmes reliées entre deux : le don de force et de ce qu’il signifie ; les conditions de l’amour fraternel et du monde qui vient… Comme un prisme qui réfléchit la lumière par tous ses côtés.

L’auteur rappelle encore s’il en est besoin que «les Écritures ne manipulent pas des abstractions mais des images», c’est le sens des images qui nous est restitué toujours accompagné des passages de la Torah ou de l’Évangile, traduits au plus près du texte araméen de départ et de la trace orale. ». «On ne peut comprendre la parole sans un don divin d’une inspiration angélique juste». C’est tout le sens de la parabole du semeur, fondée sur «un schème universel dans les Écritures, à savoir le cycle des six jours de la Création» (p. 175) Car «penser la Création» est l’une des ambitions du bibliste, mais six pages, ce n’est pas assez et pour ceux qui ont soif, il y a Le livre de la Création. 

Cette deuxième suite de quatorze chapitres touche plus précisément à la «connaissance de Foi». C’est donc les images qu’il faut contempler, à commencer par celle du Temple, «présence divine avec le peuple, dont la connaissance commence avec Moïse» et qui fonde la notion de «grand-prêtre».

Ceux qui ont lu les ouvrages majeurs de Jean-François Froger (La couronne du grand-prêtre, le livre de la nature humaine et le Livre de la Création) peuvent retrouver là ce qu’il y a développé en s’appuyant plus largement sur la logique quaternaire. Ceux qui n’ont pas ouvert cette «somme en trois volumes» disposent là d’une excellente introduction à cette «nouvelle apologie du christianisme» (pour reprendre le titre d’un de ses ouvrages).

Sous une forme un peu «étoilée», on retrouvera ou l’on découvrira la signification de la circoncision ; pourquoi les disciples ne pouvaient comprendre l’enseignement de Jésus qu’une fois qu’Il était ressuscité ; le paradoxe du Temple, dont le modèle est la «seule image pédagogique à notre disposition et qui est une la représentation terrestre de la réalité céleste qui est la présence de Dieu parmi les hommes» ; que les sexes n’ont pas leur sens dans leur fonction biologique, (ce qui feraient de l’homme et de la femme des animaux), mais qu’ils sont signes d’une différenciation créatrice figurée à travers ce Temple, la maison du Père ; qu’il est la figure de la nature humaine qu’il nous faut comprendre pour devenir authentiquement des disciples et «être engendrés de Dieu ».

Ce Temple dont il faut chasser les marchands, comme il nous faut les chasser de notre cœur.

L’image essentielle de cette deuxième suite d’entretiens n’est plus la toile à briser, mais le voile qui couvre le visage de Moïse, et nous suivons le «plus grand des prophètes» à partir de la lecture de l’Exode au chapitre 34.

La troisième partie est le volet plus anthropologique, dans une tonalité plus nerveuse. «Tous les refus que Jésus a essuyé viennent de la préséance donnée à l’interprétation philosophique des Écritures et de la liturgie du Temple ou encore selon l’interprétation mondaine des scribes et des pharisiens» qui ont remplacé la Torah par la coutume. Les imaginations philosophiques comme aussi les apports d’une anthropologie évolutionniste (donc darwinienne) font partie de cette «toile» qu’il faut laisser brûler pour permettre une «rencontre». Cette troisième partie est aussi l’occasion d’abattre quelques idées répandues, voire quelques sottises, sur l’idée de religion, l’existence de Dieu, sur le rituel, la loi et son principe pour la vie des hommes et la question de l’autorité et de sa source.

C’est encore et toujours la question de la connaissance qui est posée et de la révélation dans la connaissance humaine. C’est saint Pierre Chrysologue qui vient cette fois à l’appui :

«La connaissance de Dieu est maintenant dans la pâte : elle se répand sur les sens, elle gonfle les cœurs, augmente les intelligences, et comme tout enseignement, les élargit, les soulève et les épanouit aux dimensions de la sagesse céleste. Tout sera bientôt levé. Quand ? A l’avènement du Christ ».

Là où il y a connaissance, il y a enseignement et il y a parole. Ce qui donne la vie, c’est la conformité à la parole divine, parce que c’est elle qui donne la vie. Les choses cachées depuis la fondation du monde sont révélées aux petits et aux humbles, ceux dont l’intelligence n’est pas ligotée par cette toile qui empêche de laisser passer la Lumière et de la désirer.

La première toile que décrit saint Jean de la Croix est temporelle. La deuxième toile est naturelle, elle fait «division» entre Dieu et l’âme. Une fois spiritualisée et déliée, alors la Divinité se laisse apparaître à travers elle. La troisième toile que saint Jean décrit, moins rigoureuse, est dite «sensitive», est celle qui comprend l’union de l’âme et du corps. La vraie mort n’est pas la disjonction de l’âme et du corps, la vraie mort est spirituelle.

Quand les trois toiles sont brisées, alors l’homme entre dans la Vie.

Jésus sauve pour la déification de l’homme. Il n’est venu que pour cela. Le combat spirituel n’a de sens qu’en vue de ce projet divin, de cette volonté divine à laquelle il nous faut librement consentir parce que cette volonté est souveraine Intelligence et Amour souverain et elle est exprimée dans l’une des clauses de la prière bien connue des chrétiens : «Que Votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel». 

La volonté de Dieu, c’est le salut de l’homme, donc la divinisation de la nature humaine corollaire de la déification de l’âme «ce joyau». C’est ce que dit la théologie.

Encore fallait-il qu’on s’employât à le démontrer.

Voilà, on s’y est employé, on salue, on rend grâce !