dimanche 24 juin 2018

Là où l’air est plus pur, le ciel plus découvert, et Dieu plus familier

Grâce au Père Dom Jean Pateau
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SAINT JEAN BAPTISTE
Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault
(Fontgombault, le 24 juin 2018)


Vox clamantis in deserto.
Voix de celui qui crie dans le désert.
(Jn 1,23)


Saint Jean Baptiste au désert par Domenico Veneziano




La naissance de Jean-Baptiste accomplit le signe donné par l’Ange Gabriel à Marie au jour de l’Annonciation : « Voici que dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu elle aussi un fils, et elle en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile. » (Lc 1,36) Cette naissance miraculeuse révèle la vocation de Jean. Dieu rend fécond ce qui semblait irrémédiablement stérile, et Jean en est l’heureux témoin.
Alors que nous entendons les cris de l’enfant de la vieillesse, comment ne pas penser à l’étrange carte de visite que le Baptiste donnera aux prêtres, aux Lévites et aux pharisiens envoyés avec mission de s’enquérir de son identité : Voix de celui qui crie dans le désert. Jean ne révèle pas son identité, mais sa mission. Il est ‘Voix’. Sa vie, comme le montre déjà sa naissance, n’aura qu’un but : manifester « celui qui crie dans le désert ».

À quoi bon crier dans un désert ? Qui, perdu dans les sables des dunes, à perte de vue et sous un soleil écrasant, entendra cette voix ? Le désert pourrait-il être le lieu d’un quelconque bienfait ? Il semble bien plutôt le lieu de la mort. 
Mais est-il vraiment nécessaire qu’une parole soit entendue pour qu’une parole puisse être dite ? N’y aurait-il pas même certaines paroles qui ne peuvent se prononcer que dans un désert ? Le désert, disait Origène, c’est le lieu où « l’air est plus pur, le ciel plus découvert, et Dieu plus familier ». (Hom. XI,4 sur St Luc – SC 87,192) Autrement dit, le désert est le lieu par excellence où « Dieu fait grâce ». Telle est justement la signification du prénom « Jean », issu des mots hébreux yehô et hânan qui signifient : « Dieu est miséricordieux ».

Mais comment Dieu fera-t-il grâce si personne ne prête l’oreille à la Voix de Jean, si personne ne prend le chemin du désert afin d’écouter sa voix et de rencontrer la parole qui ne peut s’entendre que dans le désert ? Quitter le monde, gagner le désert, afin d’y prononcer la parole, telle est la vocation de Jean. 
Quitter le monde pour entendre la parole, tel est l’appel que doit mettre en oeuvre tout homme, pour autant qu’il soit attentif à sa vocation. Dès le sein maternel, Dieu s’est souvenu de Jean, il se souvient aussi de chacun d’entre nous. Nous souvenons-nous de lui ? Prenons nous le chemin du désert ? Attendons-nous sa parole ? Attendre la parole, ce n’est pas se contenter d’une demi-vérité, d’une réponse superficielle. 
Attendre la parole, c’est débuter un chemin qui semble ne pas vouloir finir. Jean est le poteau indicateur, il n’est ni le chemin ni son terme. L’interrogation sur l’identité de Jean ne reçoit pas de réponse.
Déjà, auprès de son berceau, les amis de la famille se demandaient : « Qui sera cet enfant ? » Aujourd’hui, on dirait : « Que fera cet enfant ? » Ils n’eurent de réponse que la prophétie de Zacharie : 

Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, 
qui visite et rachète son peuple. 
Il a fait surgir la force qui nous sauve... 
 Toi aussi, petit enfant, tu seras appelé 
prophète du Très-Haut ; 
tu marcheras devant, à la face du Seigneur, 
et tu prépareras ses chemins… 
pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres 
et l’ombre de la mort pour conduire 
nos pas au chemin de la paix. » (Lc 1,68-69;76.79)


Quel est donc ce chemin de la paix ? Qui est celui qui crie dans le désert, celui qui est notre paix ? Le lendemain de sa rencontre avec les envoyés des Juifs, voyant Jésus venir vers lui, Jean déclara : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde. » (Jn 1,29)

Depuis le premier péché, chaque homme a une fâcheuse tendance à se considérer comme le centre de l’univers. Compte tenu du nombre des êtres humains, cela fait beaucoup de centres pour un seul univers. De là naissent bien des conflits. Jean, lui, reçoit le Seigneur comme le but de toute vie. Le centre de gravité de l’univers, si l’on peut parler ainsi, ce n’est pas chaque homme, c’est Dieu, et c’est vers lui que chaque vie doit être réorientée.


Prophète. Huile, collage et aquarelle sur papier. 1996



Pour orienter sa vie vers le Seigneur, il faut renoncer à soi-même, s’oublier, s’alléger de ce qui alourdit ou qui fausse le cap ; prendre le chemin du désert, du dépouillement. 
Des hommes ont ressenti, dès les premiers siècles de l’Église, le besoin de suivre la vocation de Jean dans sa radicalité. Ce sont les moines. En renonçant à eux-mêmes, ils prennent le parti de chercher Dieu seul. 
Les paroles du prophète Isaïe appliquées au Précurseur attestent de la fécondité de telles vies cachées : 
Je fais de toi la lumière des nations,  pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre... Les rois verront, ils se lèveront, les grands se prosterneront à cause du Seigneur qui est fidèle, du Saint d’Israël qui t’a choisi. (Is 49, 6-7)

Pensons par exemple à l’impact de la vie monastique sur le Moyen-Âge et le développement de la chrétienté. 
Mais suivre Jean, ce n’est pas nécessairement gagner le cloître. C’est aussi travailler à faire de son coeur, Dieu aidant, un lieu où « l’air est plus pur, le ciel plus découvert, et Dieu plus familier. » C’est renoncer aux addictions qui emprisonnent, à l’alcool, à la pornographie, aux médias ; c’est bannir de son coeur l’esprit de haine, de colère, de murmure, de critique ; c’est se faire tout à tous.

Avec la naissance d’un enfant commence une histoire d’amour dont Dieu a l’initiative : « Dieu fait grâce. » Auprès de chaque berceau demeure l’interrogation : « Qui sera cet enfant ? » Ou plutôt : « Vers qui ira cet enfant ? » 
Si la grâce du baptême vient illuminer cette âme, elle sera appelée, en vertu du sacerdoce commun des fidèles, à devenir comme Jean la « voix de celui qui crie dans le désert ». Quelle place prendra effectivement la spiritualité du désert dans le développement de cette vie ?

La vie de Jean n’est pas une belle histoire qu’on se raconte, mais l’exemplaire de toute vie qui se prétend chrétienne. Dieu veut nous rendre féconds. Prenons le temps du silence, le temps de nous retirer loin des bavardages mondains et des mensonges des médias. Gagnons le désert, préservons en nos coeurs un désert, un lieu où « l’air est plus pur, le ciel plus découvert, et Dieu plus familier ».
Amen.
Illustrations :  Domenico Veneziano & Robert Empain

jeudi 14 juin 2018

Une oeuvre pour mon voisin


Grâce aux artistes de tous les temps

En 1999, je décidai de suspendre pour un temps ma pratique picturale pour me vouer à des interventions artistiques et poétiques autour de moi dans mon quartier. Suite à une rencontre fortuite avec la médecin en chef d'un Centre médical proche de mon atelier - Le Centre médical Galilée à Saint-Gilles (une commune de Bruxelles) - l'équipe de médecins du Centre accepta que je crée en leurs murs un Cabinet d'art thérapie dont le but était de soigner gratuitement avec de l'art les patients ordinaires pour une part, les toxicomanes et les médecins pour une autre. Mon idée était simple : la médecine était un art qui s'égarait dans la technique et l'art est une création de la Vie même qui se mourait à force de spéculations. Il fallait donc que ces deux grands malades se régénèrent et se guérissent l'un l'autre pour se remettre au service de la Vie ! C'est ainsi que tous les samedis après midi pendant deux années, j'ai donné des consultations gratuites au terme desquelles je prescrivais aux malades des chef-d'oeuvres de la peinture, de la poésie et de la musique de tous les temps, dont j'avais fait ma pharmacie en ce lieu. Je précisais les doses requises de lectures de littérature et de poésie, d'attention soutenue de telle ou telle oeuvre dans tel musée de la ville et d'écoutes répétées de telle ou telle oeuvre de belle et grande musique, le tout assorti de praxis adaptées aux symptômes diagnostiqués. Je montai plusieurs expositions avec des artistes patients du Centre et avec eux nous participions aux Parcours d'artistes de la Commune. Une exposition que je montai à cette occasion s'intitulait "Etranger", j'y participai en distribuant dans les rues, en guise de papiers d'identité pour les sans papiers des tracs poétiques intitulés Bouts de papiers. J'avais aussi, clandestinement, fait passer des photos d'identité universelle au Visage du Christ etc, Ces activités me firent repérer par les autorités communales qui me demandèrent de me joindre au Comité culturel dont le but était de réfléchir à l'amélioration du Parcours d'artistes de Saint-Gilles. A l'issue de quelques réunions, je remis par écrit au Comité culturel et aux autorités une proposition de démultiplication du dit Parcours qui consistait à proposer aux artistes de la Commune de créer chaque année des oeuvres pour leurs voisins... 
A ma connaissance, cette idée ne s'est jamais concrétisée, mais je pense qu'elle a encore toute sa pertinence... Voici donc cette proposition, légèrement corrigée pour cette publication, mise à la disposition de ceux qui voudraient la mettre en pratique...



Une vitrine de la pharmacie du Cabinet d'art thérapie. 1999



Une oeuvre pour mon voisin

Note pour le Comité Culturel du Parcours d’Artistes 8
Une prescription du Cabinet d'art thérapie, par Robert Empain 

   La Commune de Saint-Gilles prépare son huitième Parcours d’Artistes. Elle a appelé des critiques, des galeristes, des représentants des pouvoirs publics, des artistes, à réfléchir au devenir de la manifestation. Nous avons d’abord formé avec les responsables du Service Culturel de la Commune un groupe informel de travail, rebaptisé récemment par Denis Gielen ; “ Comité Culturel ”.
 

    Avant de présenter l’idée simple de “ Une oeuvre pour mon voisin”,  je souhaite saisir l’occassion pour évoquer brièvement ce que sont aujourd’hui pour moi les enjeux d’une politique culturelle sociale et rappeler l’analyse critique de Parcours d’Artistes que j’ai exprimée lors de la première réunion ; le sens que peut prendre cette nouvelle idée dans la manifestation et dans le contexte de l’époque s’en dégagera plus clairement. 



Exemple d'une prescription du Cabinet d'art thérapie


   
     Politique culturelle 

    La politique, et plus particulièrement la politique culturelle de la Commune vise naturellement l’amélioration du vivre ensemble, de la citoyenneté, de la cohésion sociale, c’est à dire du respect de l’autre dans la pluralité culturelle urbaine actuelle. Elle souhaite, dans ce but, favoriser la rencontre du public et de l’art contemporain, renforcer la présence de l’art dans l’espace public et donner une place vivante à l’artiste dans la cité.
 

    Ces volontés de conserver, d’améliorer, de compléter et de renforcer l’originalité et la qualité de la manifestation, de donner une place à l’artiste dans la vie et la ville ne peuvent que rencontrer mon assentiment et celui du Comité Culturel. Cependant, peut-on encore sérieusement après le XX° siècle, la crise de la culture et le malaise de la civilisation, le doute profond qu’il nous lègue, attendre cela de la culture, des artistes et des oeuvres d’art ? Peut-on encore adhérer à l’utopie selon laquelle l’art serait un ciment social ? (Kant) Peut-on attendre d’une manifestation telle que le Parcours d’Artistes, avec ses paradoxes et pourvus des améliorations préconisées, qu’elle réponde, même partiellement, à de tels objectifs ?
 

    Cela serait peut-être possible si la politique culturelle s’inspirait davantage des propos que Marc Jimenez tenait lors du récent Colloque de Chinon : “ ...s’intéresser à l’art signifie créer des oeuvres afin d’explorer plus justement la sphère de l’imagination, des passions, des intuitions et des émotions. Cela veut dire différencier les modalités et les qualités de l’expérience sensible, mais surtout s’exercer à la liberté, désormais octroyée à l’individu de penser et de juger par lui-même. Le récent débat, poursuit-il, sur l’art contemporain a révélé les failles d’un système fondé sur la gestion économique et la programmation médiatique de la création artistique. Parler des oeuvres, se risquer à leur interprétation, les comprendre, porter un jugement sur elles, tout cela relève d’une réflexion esthétique qui ne se contente pas d’une simple exhibition (...) faire de l’art aujourd’hui, c’est tenter de rendre intelligible ce que l’économie, la médiatisation et la politique culturelles s’efforcent de dissimuler, à savoir que de toutes les activités humaines l’art reste celle qui peut encore se permettre de fabuler, de détourner, d’infiltrer, d’ironiser, d’exprimer la révolte devant la mise en ordre du monde. On pourrait multiplier les exemples de ce que l’on nomme une esthétique de la distinction, rebelle au nivellement médiatique, au consensus soft, au politiquement correct de la démocratie culturelle. Cette esthétique est là pour rappeler que l’expérience de la création artistique est de l’ordre du non-marchandable, littéralement du non-négociable, car l’art relève de passions, de désirs, de fantasmes, d’intuitions et d’imaginaires qui ne peuvent se mettre sur le marché.” ( in Manière de voir 57 - Le Monde diplomatique, mai-juin 2001- page 51)

    Parcours d’Artistes participe à mon avis de cette esthétique de la distinction et c’est cela qui fait, malgré ses lacunes, sa pertinence actuelle. 


Affiche pour le Cabinet d'art thérapie. 1999


     Analyse critique de la manifestation

    Rappelons que l’idée originale de Parcours d’Artistes est l’ouverture bénévole par les artistes de leurs ateliers, c’est-à-dire d’un lieu dans lequel ils vivent et travaillent le plus souvent d'ailleurs dans la précarité. La Commune centralise et organise un cheminement dans la ville, d’atelier en atelier, sous la forme d’une découverte ludique, celle du jeu de piste. La Commune valorise également certaines oeuvres et artistes par des expositions, un prix du public et un catalogue. Elle entend créer, et crée en effet, de la convivialité et du lien social. Parcours d’Artistes pourrait pourtant être assimilé par certains à du tourisme culturel.
C’est pourquoi sans doute l’échevin de la culture désire améliorer et élargir la manifestation : d’une part en inside en renforçant les rencontres des artistes avec les habitants autour des ateliers, d’autre part en outside avec des projets d’art urbain ambitieux qui feraient l’objet de commandes à des artistes sélectionnés par le Comité et non encore concernés par Parcours et enfin avec des expositions d’oeuvres des Collections publiques dans divers espaces tels que l’ancienne Maison du Peuple ou la Porte de Halle. La question centrale demeure posée : le Parcours d’artistes peut-il  échapper à la tendance culturelle générale de l’époque qui veut que art, artistes et patrimoine, deviennent de simples objets de  divertissement, de loisir, de spéculation ou de propagande ?
Ici comme ailleurs, se déploierait fatalement la stratégie paradoxale qu’a inventée le XX° siècle avec un système institutionnel culturel médiatique marchand qui consiste à recouvrir, sinon à annuler, en exhibant, en intégrant, en institutionnalisant, les oeuvres d’art et les véritables questions que posent les artistes à la société.

    Dans leurs lieux, les ateliers, les artistes accueillent le public, les amateurs voire les collectionneurs.  Sans doute, certains espèrent encore y voir les marchands d’art. Ces derniers pourtant snobent la manifestation sous prétexte qu’elle mêle le pire au médiocre. Certes, le tout venant de la création artistique est de qualité inégale mais ni plus ni moins en définitive que le tout venant du marché de l’art. Ce rejet prouve en réalité que la possibilité de découvertes directes d’artistes et surtout de ventes directes d’oeuvres à l’atelier créent un circuit de distribution parallèle qui brise le monopole des marchands.
 

    Les “bons artistes contemporains”, c’est-à-dire ceux qui sont installés dans le système de distribution médiatico-culturel-marchand de l’art, s’abstiennent donc, en bons stratèges du marketing, redoutant bien sûr d’y compromettre leur image et de nuire aux accords commerciaux avec leurs marchands.

    Nous ne disposons d’aucunes données sur les soutiens et prolongements privés ou publics, voire sur les ventes directes, que les artistes auraient pu obtenir à la suite des Parcours. Il reste que ce sont des artistes, pour la plupart en situation matérielle difficile, qui ont fait les frais de cette politique touristique culturelle courte. Une politique qui les appelle à devenir pendant trois week-end d’été des animateurs culturels bénévoles de la commune. Fonction que la Commune a laissé jusqu’ici sans véritables perspectives,  sans lendemain.
 

    De ce point de vue et jusqu’ici, Parcours d’Artistes a offert au public le spectacle de l’exclusion et de la précarité dans lesquelles vivent la plupart des artistes autour de nous. Il démontre qu’une pensée esthétique, qu’une politique culturelle sociale véritable, que les moyens adéquats d’une telle politique manquent encore à la cité.
 

    Si le Parcours d’Artistes montre l’absence d’un dessein collectif pour l’art, il révèle aussi que des artistes et l’art existent et créent bel et bien mais en retrait, qu’ils posent les questions sur nos rapports à la vérité et à la liberté, qu’ils questionnent encore notre être au monde, notre être ensemble, et qu’ils désirent prendre part plus active dans notre société en crise de sens, en crise sociale.
 

    Apparaît donc ainsi un autre point de vue : les défaillances de  Parcours d’Artistes lui donnent sa pertinence paradoxale. Car du plus grand péril vient aussi ce qui sauve, comme le dit le poète Holderlin. En effet, la découverte, la rencontre réelle avec des artistes au prise dans leurs ateliers avec leur désir singulier et désintéressé de création, de questionnement et de recherche de tout ce qui peut donner un sens à la vie, est ce qui fait justement sens à notre époque dans la mesure où ce désir lui est étranger, sinon opposé et hostile. C’est pourquoi l’atelier de l’artiste est un lieu d’exception, un lieu rare, étrange, intact peut-être, un lieu où l’art pourrait encore avoir lieu, un lieu ou la liberté de créer librement des oeuvres, et ainis de se créer soi-même, peut exister sans être contrôlé par la culture officielle ou occulté par le système de valeurs historique, médiatique et marchande. Un lieu où des humains persisteraient à oeuvrer en dehors et contre la logique inhumaine de notre temps. Dans son atelier l’artiste pose les questions essentielles de la venue et de la destination de l’oeuvre d’art.
 

    Bien sûr, pour le producteur d’objets artistiques marchands ou pour l’artiste qui, renonçant à lui-même, aspirerait à le devenir, l’atelier sera un lieu de production et de fabrication et perdra sa destination de lieu d’ouverture à l’autre et au tout autre.




Vue du Cabinet d'art thérapie, 2000

    
À notre époque l’atelier devient donc une attitude et comme tel il devient une oeuvre d’art vivante. Atelier, est d’ailleurs à entendre au sens large comme tout lieu à l’oeuvre, tout lieu pour qu’une oeuvre puisse venir au monde, venir à l’artiste, venir aux autres, à la cité, à la communauté humaine.
 

    Sans doute, la plupart des visiteurs du Parcours recherchent-ils eux aussi dans les ateliers d’artistes une échappée au système, un échange véritablement humain avec les artistes, une rencontre avec les oeuvres qui ne seraient ni dictées ni frelatées par le système. Sans doute sont-ils à la recherche d’une pensée, d’un désir, d’un sens, qui cherchent encore à se dire, d’une liberté et d’une jouissance autre, hors marché, hors catalogue, hors institutions, en un mot d’une gratuité perdue. Sans doute aussi, de nombreux d’artistes, qui vivent dans l’espoir d’une reconnaissance par le marché, les media et le musée, ne se reconnaîtront-ils pas dans le Parcours d’Artistes ainsi défini.
 

    De ce point de vue, les artistes du Parcours posent pertinemment et douloureusement à la cité, aux citoyens et aux système marchand et culturel, les questions de leur désir d’art et de leur désir d’être artistes. Ce qui explique à la fois le rejet des marchands et les tentations de contrôle et de sélection, c’est à dire de censure des institutions culturelles. Le Parcours d’Artistes pose alors à l’artiste la question de son désir propre d’être artiste et à tous, celle de la destination de l’oeuvre d’art. 
 
Photos universelle d'identité spirituelle. 2001



    Une oeuvre pour mon voisin
 
    Il s’agit alors non seulement de sauvegarder mais d’amplifier l’originalité et la pertinence paradoxales de la manifestation Parcours d’Artistes. Autrement dit, de le faire vivre débarrassé du complexe culturel ambiant et dépassé qui privilégie par trop l’objet d’art au détriment du geste inédit de l’artiste ; un geste qui transforma pourtant l’art du XX° siècle (Duchamp), une attitude de l’artiste contemporain qui tente de faire prendre conscience des maux que notre type de société fait subir aux hommes et à la nature. L’idée de Une oeuvre pour mon voisin va dans ce sens en prolongeant ce que Parcours d’Artistes a de spontané, d’ouvert, de désintéressé, de généreux et donc de véritablement culturel, convivial et social.

    Concept et fonctionnement

    Pour l’artiste 
Il s’agit, dans le cadre du prochain Parcours d’Artistes, d’inviter  les artistes de Saint Gilles -et d’ailleurs -, participant ou non aux ateliers ou aux expositions, à  créer une oeuvre pour leur voisin. Bien sûr en dialogue et en accord avec ce voisin. Si l’artiste n’habite pas Saint-Gilles, il crée une oeuvre pour l’ami Saint-Gillois, artiste ou non, qui l’invite et qui agit dés lors comme le voisin.
 
    Pour le voisin
Le voisin c’est celui que l’artiste choisit, mais, l’initiative d’approcher un artiste peut-être prise par tout Saint-Gillois. Le voisin c’est celui qui habite dans la rue, dans le quartier, c’est aussi l’école, le commerçant, le libraire, le boucher, le boulanger du quartier, la maison médicale, l’institut de beauté, l’hopital, le psychanalyste, l’hôtel, l’immeuble, le chantier, la banque, la maison de jeunes ou de personnes âgées, le commissariat, le restaurant, la prison, la wasserette, le parking, le cinéma, le café, le show- room, la piscine, la poste, la galerie, l’église voisines... Le lieu c’est la boutique, le salon, la chambre, la cour, la cave, le hall, le vestibule, la vitrine, le  jardin, la terrasse, la fenêtre, le garage, voire le voisin lui même...

    L’oeuvre
L’oeuvre est créée spécialement et gratuitement pour le voisin.
C’est la destination de l’oeuvre, la gratuité du geste qui fait rupture, qui fait art, et qui prime ici sur l’oeuvre objective.
L’oeuvre existe pourtant, c’est un tableau, une sculpture, un dessin, une photographie, une vidéo, une fresque, un étalage, un geste, un objet,  une installation, une performance, une lecture, un texte, une chanson, un récital, un chapeau, un drapeau,...bref, ce que l’artiste destine à son voisin qu’ils le désignent comme oeuvre.

    Le  dialogue
L’oeuvre et son installation provisoire chez le voisin font l’objet d’un dialogue et d’un accord écrit préalable entre les deux partenaires. La commune publiera et distribuera une formule d’accord dans un “Appel à participer”. Le double de cet accord lui sera renvoyé pour inscription et  publication de l’oeuvre pour mon voisin et sa localisation dans un guide spécifique édité par la Commune et destiné au public. (Agenda à préciser).
L’oeuvre exposée chez le voisin doit être accessible au public durant la période du Parcours. L’artiste et le voisin s’entendent pour garantir à l’organisation communale l’accès, l’accueil, et s’engage à prendre les assurances nécessaires.
Si l’artiste désire rester propriétaire de l’oeuvre, à lui  de restituer au voisin les lieux dans leur état initial. Si l’artiste offre l’ oeuvre à son voisin, qui l’accepte,  le voisin a  charge de la conserver en bon état, et reste libre de l’exposer ou non. Le voisin peut  aussi acheter l’oeuvre à l’artiste.
 

    La Commune
    Le rôle de la Commune est de simple médiation et de communication, comme dans Parcours.L’action Une Oeuvre pour mon voisin étant libre, spontanée, citoyenne et bénévole, la responsabilité artistique et civile de l’oeuvre revenant à l’artiste et à son voisin partenaires, aucune sélection, aucune censure des projets ne saurait s’exercer par la Commune, ou par quelque commissaire que ce soit, sans ruiner le sens de la démarche. Un agenda rétroplanning sera établi par la commune.

    Le prix de la commune
   Par contre, la Commune doit encourager la démarche en mettant en exergue les projets qu’elle juge magnifiques : d’une part  via une publication et via les media, reportages, entretiens etc.. d’autre-part, en encourageant l’artiste par une commande publique complémentaire et le voisin par une lettre du Bourgmestre l’invitant à poursuivre le dialogue avec les artistes de la Commune.
Les projets entrés à la date fixée au secrétariat du Parcours et d’ Une oeuvre pour mon voisin seront communiqués au Comité culturel. Ensuite, le ou les responsables du projet, délégués par le Comité, seraient en charge de faire le tour complet des oeuvres, accompagnés par un jury d’artistes (à définir); ce jury décernerait aux 10 meilleurs projets un prix d’encouragement sous forme d’une bourse (à fixer) à l’artiste pour la création d’une oeuvre urbaine pour la Commune (lieux à définir).
Des photographies professionnelles de l’oeuvre et des partenaires seront réalisées par la commune, en accord avec les participants, en vue d’une publication. Le responsable, simple accompagnateur du projet, se mettra à la disposition des artistes qui le souhaitent, il supervisera aussi  textes, graphismes, communications et publications en rapport avec le projet et ce  en accord avec le Comité Culturel et les responsables communaux. La Commune fixera un budget de fonctionnement et de communication pour le projet.

     Communication
   Un Appel à participer, muni du formulaire convention-inscription entre l’artiste et son voisin, sera lancé  dés la rentrée via les journaux communaux ou en toutes boites. Il s’adressera aux artistes et à la population. Cette Appel sera appuyé par la presse qui sera informée par un dossier de presse et une conférence de presse. Des relations publiques suivies  et plusieurs rappels, voire des affichages communaux appropriés, seront programmés. Un “catalogue” des Oeuvres pour mon voisin, primées et remarquées, du type journal ou magazine, sera édité.

      Perspectives
    Une politique culturelle à venir, à vocation sociale, aurait bien des raisons de s’inspirer de l’esprit, de l’originalité de la pertinence paradoxale du Parcours d’Artistes et des prolongements, initiés par le Comité Culturel, tels que Mobiles ou Une Oeuvre pour mon voisin.
Elle viserait  à prolonger la manifestation de manière constante, durable. Elle serait confiante dans le désir des artistes, le désir et le jugement  des citoyens. Elle appellerait les artistes à prendre une place vivante dans l’espace public, associatif, scolaire et semi-public. Elle serait débarrassée des craintes, des velléités de contrôles, des scrupules et des complexes dépassés des systèmes culturel et médiatico-marchands.
Elle se doterait des moyens financiers d’atteindre ses objectifs sociaux.
Elle serait accompagnatrice, médiatrice, non sélective et non directive, c’est à dire libre.
Elle reste et sera, je n’en doute pas, à penser par les responsables dans le détail et au quotidien
 

    On peut dire qu’elle aurait à déployer pour l’avenir cette esthétique de la distinction quelle a initié avec Parcours d’Artistes. D’abord, les ateliers d’artistes devraient être valorisés toute l’année comme les lieux vivants et ouverts pour l’art dans la cité. Ensuite, à partir de l’atelier d’artiste compris comme attitude, s’ouvre l’idée des ateliers élargis. C’est à dire d’une cité comprise comme un atelier ouvert à une multitude de lieux pour l’art et les artistes vivants auxquels une mission humaine est confiée par la collectivité. Une telle politique exprimerait et concrétiserait l’attente et le désir collectifs d’une destination autre pour le geste esthétique et l’oeuvre d’art, à savoir une destination citoyenne ou simplement une destination humaine.
 
    Bien à vous tous

    Robert Empain, Bruxelles, le 04/07/2001

lundi 11 juin 2018

Pour une Communauté des coeurs priants



Grâce au Frère Michel

 Alors qu'hier nous célébrions le Sacré-Coeur de Jésus, je retrouve aujourd'hui dans mes archives une lettre que j'avais adressée au Frère Michel, un dominicain lecteur de Michel Henry, qui en décembre 2007 avait organisé à Bruxelles une rencontre/dialogue entre musulmans et chrétiens et cela au moment où pour la première fois 138 hauts dignitaires musulmans venaient d'adresser à tous les chrétiens un Appel à la fraternité. Dans cette lettre, je suggérais au Frère Michel, et à travers lui aux Dominicains, la création entre juifs, chrétiens et musulmans d'une Communauté des coeurs priants ; une communauté de prières constituée par des croyants des trois religions du Livre, qui plus que jamais me semblait nécessaire dans le climat de durcissement de l'Islam. (on pourra lire cette lettre ci-dessous) 
 
Je relance cette idée ici car tragiquement depuis 2007 ce durcissement s'est considérablement aggravé et nous avons tous été plongés dans la consternation et dans l'impuissance face aux crimes innombrables et abominables commis par des fanatiques au Nom d'un Dieu nommé Allah - un Nom qui, je le rappelle, signifie Le Dieu. Ces crimes, on le sait, ont le plus souvent  frappés à l'aveugle des innocents, en Europe et plus encore dans les pays musulmans, dans un contexte de guerres internes à l'islam lui-même, à savoir un conflit entre les sunnites et les chiites et leurs propres fondamentalismes radicalisés...   Ces conflits inextricables entre les frères ennemis depuis les origines de l'islam étant nourris par des potentats locaux eux mêmes instrumentalisés par leurs alliés fournisseurs d'armes et bien décidés à se payer un jour sur  les trésors enfouis sous les ruines et les cadavres, à savoir les dieux de notre temps : Le Pétrole et son frère le Gaz !   Les terroristes fanatiques, jeunes pour la plupart, semblent ignorer les vrais enjeux de ces conflits dans lesquels ils seront, après usage, broyés et jetés par leurs maîtres. Ces dupes ont laissé les forces en présence détourer à leur profit leur haine et leur ressentiment à l'égard des pays de migration où ils survivaient dans une frustration sans solution.  Faut-il rappeler que L'Europe des années soixante attira à elle des populations pauvres des pays colonisés d'Afrique du Nord, de Turquie et du Moyen Orient, afin de se procurer une main d'oeuvre à bon marché ? Le Résultat, trois générations plus tard, est quelques millions jeunes gens, enfants de ces travailleurs immigrés, devenus des européens de plein droit,  jetés à la marge de pays qui n'ont plus besoin d'eux ! Il ne s'agit pas une seconde de justifier les crimes injustifiables qui ont été commis, mais de rappeler quelques causes qui ont poussé vers le fanatisme et la folie criminelle et suicidaire une part marginale de la jeunesse issue de l'immigration. Cette jeunesse profondément désoeuvrée, désorientée et désespérée ne trouvant plus le moyen de survivre que dans les petits boulots méprisés, les petits trafics illégaux ou alors dans le délire géant que leur offre un islam armé de sa puissance et de son dieu exclusif ! Un islam qui leur offre une cause et un combat où jeter sa vie et celles des autres est le prix sacrificiel à payer pour gagner le paradis et ses délices. Un islam plein aux as, qui, d'entrée de jeu, paye cash ses recrues et leur fournit un paradis immédiat, pour autant que l'enfer en ce monde -- dont la cause est l'infidèle, à savoir l'autre, l'autre que le musulman -- soit au préalable détruit fusse au sacrifice de sa vie. On reconnait dans ce délire sacrificiel le point commun aux discours de propagande de tous les totalitarismes passés ou présents. Un discours qui est le calque inversé du seul et véritable combat que chaque humain est appelé à mener sur cette terre  : le combat intérieur contre son ego et ses délires d'omnipotence.
Le Frère Michel, lors de cette rencontre de 2007 entre chrétiens et musulmans, nous invitait à soutenir notre espérance commune de fraternité et d'amour par la communion de nos prières. 



Là ou deux ou trois sont unis en mon Nom, je suis...

    

Bruxelles 
Le 21-12-2007

Frère Michel,

Permets-moi de prolonger quelque peu notre dialogue avec nos frères musulmans sur le thème de la prière.

Cette humble rencontre s'est tenue alors que 138 hauts dignitaires musulmans venaient d'adresser à tous les chrétiens un Appel à la fraternité. Cet Appel est un événement dans l'histoire humaine et spirituelle et un signe espéré depuis longtemps dans le coeur des hommes de bonne volonté. 
 
Il faut saluer le courage de ceux qui ont lancé un tel Appel car ils s'exposent à des pressions, à des menaces, voire à des représailles de la part des fanatiques armés.  

Nous devons absolument saisir cette main tendue et approfondir le dialogue sur le fondement commun mis en avant par ces dignitaires dans leur Appel : 

"… la croyance en un Dieu d'Amour qui donne comme commandement de vie à tous les hommes de L'aimer et d'aimer leur prochain ".

Notre réflexion commune sur la prière se trouve au coeur même de ce commandement de vie donné par l'Amour.  

Dans nos échanges, nous nous sommes demandés :
Qui voulons nous rejoindre lorsque nous prions, lorsque nous joignons les mains, lorsque que nous nous inclinons ou, pour nos frères musulmans, lorsque nous nous couchons face contre terre, et que nous nous tournons vers La Mecque ou le ciel étoilé ?

Un Dieu lointain, au delà de tout, abstrait, indicible, abscons ?

Comment pourrions-nous rejoindre un tel Dieu hors de nous, avons-nous demandé.

Ne pourrions-nous chercher à rejoindre le Dieu qui nous a donné le pouvoir de joindre les mains, de nous incliner et de nous tourner et de nous recueillir. Car, tous ces pouvoirs, si simples en apparence, nous ne pouvons pourtant pas nous les donner à nous-mêmes. Et d'où peuvent-ils nous venir sinon de la vie qui nous est donnée à chaque instant par la Vie ? 

La Vie, le nom que s'est donné à lui-même le Dieu d'Amour.
La Vie, le nom du Dieu proche, plus proche de nous que notre veine jugulaire, avons-nous rappelé avec le Coran.

Si nous voulons prier, rejoindre la Vie qui nous donne sa vie par Amour est-ce donc que nous en étions séparés ? 

Certes non car jamais Dieu ne se sépare de nous. 
C'est donc que nous l'avions oublié, Lui, le Dieu qui nous donne tous nos pouvoirs, y compris celui, vertigineux, de la liberté de nous en séparer et la liberté de le rejoindre. Le rejoindre, Lui, qui ne se sépare jamais de nous.  
 
Mais où pourrions nous rejoindre la Vie et prier ensemble le Dieu Vivant ?

Dans une église, une mosquée, une synagogue, à Rome, à Jérusalem, à la Mecque ? Dans un lieu saint, dans telle posture, au milieu d'une assemblée de croyants ou de pèlerins, dans tel ou tel lieu du monde du dehors, le monde objectif, où nous ne trouverons que des objets morts et jamais la vie ?

Certes nous pouvons Le prier partout mais à la seule condition de le prier là où Il est en vérité : en chacun de nous, là où la Vie vit, là où elle constitue notre intériorité, notre affectivité vivante, notre âme et notre coeur.

La vie s'éprouve hors du monde, dans l'invisible, dans nos coeurs.

C'est dans notre coeur que nous pouvons rejoindre notre vie et éprouver l'amour car c'est dans nos coeurs que le Dieu Vivant a insufflé sa Vie et son Amour. C'est encore dans nos coeurs que nous pouvons nous aimer les uns les autres par la grâce de l'Amour qui nous donne le pouvoir de vivre et d'aimer.

C'est ainsi que s'éclaire cette Parole du Christ : ''Mon royaume n'est pas de ce monde'' ; et cette autre : "Il ne sert à rien de prier des lèvres si le coeur ne prie pas "; et celle ci " Car où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d'eux ! "; ou cette parole du Coran, que nous avons évoquée : " Dieu est plus proche de toi que ta veine jugulaire." Cor. 50, 16 (Qâf)  

Mais, me dira-t-on, qui suis-je pour dire ces choses ?

Je suis un chercheur de Dieu, un chrétien, un enfant de d'Amour, un fils du Père. Avec Pascal, je peux dire : "Je l'ai cherché car Il m'avait déjà trouvé."

Alors, cher Frère Michel, par la grâce du Père, j’ose proposer à ta réflexion cette idée qui m'est venue : créons, avec nos Frères croyants qui le désirent, la Communauté du Coeur de Dieu, ou la Communauté de coeurs priants ou un nom qui fera comprendre à tous que Dieu se trouve dans tous les coeurs qui Le prient.  Rendons visible dans le monde, par notre libre volonté, par notre prière commune et par la grâce de Dieu, la communauté  des coeurs aimants dans le Coeur d'Amour de Dieu, la Famille rassemblée des enfants de la Vie et de l'Amour.

Fraternellement à toi et à notre frère Michel Henry…

Robert Empain


Illustration : Robert Empain : Aquarelle 60 x 80 cm. 2009


lundi 4 juin 2018

Au fond de moi je sais bien que si talent il y a, il ne vient pas vraiment de moi...


 Grâce à Marie Poirelle, lectrice de Ad Imaginem Dei



Le 3 juin 2018

Bonjour Robert,
J'ai enfin pris le temps de me plonger dans ton livre ( Ad Imaginem Dei 1 L'oeuvre invisible) acheté lors de ton exposition à Plaincourault, où j'étais venue te déranger avec mes plans de géobiologie... 


Vue partielle de l'exposition Nous, du groupe Grâce, Saskia Weyts et Robert Empain,
à la chapelle de Plaincourault, été 2015


Peu après, tu m'as demandé si je comprendrais ton cheminement à travers tes écrits.

Oui, j'ai compris et j'ai aimé, beaucoup aimé même. 

J'avais commencé à marquer les pages au crayon papier dès qu'un passage traduisait de belle façon mes pensées, ou m'interpelait, ou me touchait. Je me suis vite rendue compte qu'il y en avait beaucoup trop pour que je te les cite, je vais donc résumer mes commentaires.

Je ne m'attendais pas à ton passé de publicitaire et j'ai adoré ton analyse, moi qui ai été trésorière de l'Association Nationale de Défense des Téléspectateurs lorsque la pub a commencé à couper les programmes dans les années 90...

Tu m'as un peu scotchée avec la cérémonie de messe. Afficher ainsi sa foi, Il fallait oser !

Les descriptions de tableaux m'ont non seulement intéressée mais ont grandement  contribué à mon éducation... Et pas que ... " la Tentation de Saint Antoine" m'a éclairée pour mieux supporter des émotions à combattre et retrouver ma sérénité. Merci.


Le tentation de saint Antoine par Jérôme Bosch, Lisbonne 
Pour lire cet extrait cliquer sur cette légende


Et tout cet amour ! Me voici rassurée sur la race humaine, encore merci.

Lorsque j'ai un écrit important à rédiger, je choisis mon endroit, une feuille blanche et un crayon papier, et j'attends qu'on me souffle. Parfois je m'épate quand je me relis... au fond de moi que sais bien que si talent il y a, il ne vient pas vraiment de moi...

Bien sincèrement,

Marie