vendredi 23 décembre 2016

Marie, Mère de notre devenir


Grâce à toi Marie Mère de Dieu



Vierge à l'Enfant. Fresque Anonyme. XVe siècle.




La Materia Prima est la Terra-Mater, la Terre Mère des religions anciennes, un Archétype qui fait constamment retour dans nos consciences, nos inconscients et nos sciences inconscientes. Citons par exemple la dévotion mariale des peuples qui suscita en 1950 la proclamation du dogme catholique de l'Assomption de Marie et plus récemment la résurgence de l'antique déesse Gaïa dans l'écologie. 

Ces retours répondent au refoulement radical de l'archétype maternel opéré par le matérialisme et le scientisme à l'âge de la technique qui ont nié et réduit la divine Mère à de la matière première, quantifiable et strictement terrestre, sans vie, sans mystère, sans âme et sans esprit, devenue un stock de ressources exploitables industriellement, un stock auquel le vivant et l'humanité sont de plus en plus assimilés. 

Or, la Terre Mère, la Terre vivante, toute intérieure, Marie pour la nommer, est un Nom de la Vie. Et quand elle est niée avec un acharnement méthodique elle est tuée à l'intérieur de nous et meurt bien vite à l'extérieur. 

Quand donc nos sciences inconscientes comprendront-elles que ce faisant elles tuent l'Humanité en la tuant Elle, Marie Notre Mère ? 

Les poètes, les artistes véritables, les mystiques se veulent les humbles jardiniers de la Terre Mère intérieure, des amoureux de Marie. Ils s'ouvrent à sa force régénératrice, à sa douceur, à sa beauté, à son amour maternels ; ils rétablissent ainsi le lien subtil, le cordon spirituel coupé par l'ignorance savante imbue de puissance. Cultivant, recueillant, priant Marie, ils l'aiment et se sauvent en Elle et beaucoup avec eux.

Certains coeurs innocents, des coeurs d'enfants le plus souvent, ont vu Marie apparaître miraculeusement, à Lourdes, à Fatima et en beaucoup d'autres lieux ; ils ont reçu ses pleurs, ses implorations, ses exhortations à prier, à l'aimer, à nous aimer et à nous sauver, à faire naître en nous le Fils divin que porte chacun. 


Apparition de Notre Dame à Fatima. Collage. 2010




Mais les coeurs endurcis et vaniteux écoutent-ils encore les poètes, artistes, les mystiques, les enfants ? 

Comment les coeurs de pierre pourraient encore s'ouvrir et recueillir les signes innombrables ? Par exemple : en écoutant en eux la résonance des mots, ils pourraient entendre remonter la Vie de leurs racines. Si dans mater, maternel, matériel, matière, terre, matrice, matriciel, mer, mère, Marie... ils entendaient vibrer la racine M, qui est la vocalisation maternelle universelle, son souffle et son sens viendraient toucher en eux l'immémorial Nom de la Vie et ranimer son germe, le désir originel de la connaître et de faire naître en eux Celui là qui les appelle, Celui là qui les nomme et les féconde et qui depuis toujours leur donne leurs Noms, leurs Noms oubliés, méconnus, mal aimés : le Verbe Vivant qui donne la vie et forme notre Materia Prima et qui reconnu, c'est-à-dire aimé, nous ressuscite !




Seigneur, prends pitié. 2003




La Genèse dit que Dieu a fait l'Homme-Adam à son Image. YWHW-Elohîm pétrit l'Homme de la Terre vivante - la Adamah - pour insuffler ensuite en celui qu'il a formé de ses Mains, son Souffle, sa Vie, son Esprit. 

Adam, en hébreux cela signifie Elohîm dans le sang
Adam est le Nom de l'Homme, de l'Humanité, notre Nom à nous tous qui sommes les vivants. 

La Adamah est aussi bien la Terre première et vivante de notre Genèse que la Terre promise à l'Humanité, mais encore la Materia Prima dont nous sommes faits de toute éternité, la Terre Mère, une et matricielle, féminine et inconnue, dans laquelle nous naissons et avons à renaître sans cesse.
La Adamah est notre âme vivante formée et informée au présent par le Verbe, l'Esprit ou le Nom de Celui qui est JE SUIS. 
La Adamah est l'âme vivante, la Terre céleste à laquelle la terre terrestre participe. Un autre Nom de notre âme est le Ciel. 

Âme vivante, céleste, invisible et immortelle, la Adamah est la chair de notre chair, la moelle de nos os que reconnaît Adam dans son Songe, dans son Coeur.  Mais encore le sang de la vie dont vivent les hommes, le sang dans lequel le Verbe, le Nom, l'Esprit de Vie s'incarnent. 

De la Vie nous recevons tous nos pouvoirs, tous nos dons. 
Celui de nous éprouver vivants et celui de désirer nous connaître davantage, de nous connaître nommés, appelés, désirés et aimés dans et par le Verbe de Vie pour parvenir à le recueillir, à lui dire Oui. 

Lui dire Oui comme Marie Lui a dit Oui et a reçu en elle la Vie qui se donne absolument par Amour.

Quand la Genèse dit que l'Homme travaillera la Terre elle parle de la Terre Sainte de notre âme - de la seule Terre sainte en vérité -  qui est notre Terre céleste, notre Ciel de lumière faits de chair et de sang accueillant l'Esprit. Notre âme redevenue vierge, bien aimée et aimante, désireuse d'épouser le Verbe, de se faire par Lui la Mère du Fils en l'Homme. C'est Elle que nous nommons Marie Mère de Dieu. C'est Elle notre devenir. 




Nativité. 1480. Gérard David




C'est en Elle que naît Celui qui est Je suis, c'est en elle que vient Jésus, c'est en elle que s'incarne le Fils que tu es, que je suis, que nous sommes, maintenant et pour les siècles des siècles, pour autant que nous le désirions. 

Ce que je vous souhaite chers amis en cette Fête de la Nativité 


Texte : Robert Empain 2015
Grâce à Carl Gustav Jung, Annick de Souzenelle et à Michel Henry

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