dimanche 9 octobre 2022

Les Mages à l'approche de la Lumière de la Vie

Je présente au Concours Exposition nationale du Musée Royal des Beaux Arts d'Anvers et de MuséumPassMusée, une oeuvre sur le thème proposé de L'Adoration des Mages de Rubens. Une occasion unique m'est ainsi donnée de faire connaître, et peut-être reconnaître, mon oeuvre d'inspiration chrétienne. Je publie ci-dessous une version plus développée du  texte de présentation qui accompagnait ma candidature à ce Concours.  Si vous appréciez mon travail d'artiste et cette oeuvre en particulier, je vous prie de me soutenir par un vote en sa faveur sur le site du Musée où mon oeuvre est présentée. Grâce à vous. R.E. 




Les Mages à l'approche de la Lumière de la Vie, par Robert Empain. 2022   




Je suis artiste, poète et écrivain belge. Je vis et travaille à Bruxelles. 


        Lors de mes études d'art, dans mon adolescence et dès mes premières rencontres avec des chefs-d’oeuvres des Van Eyck, Memling, Campin et De La Pasture notamment, je compris que la vie et l’art sont spirituels en leur fondement, que tous les arts jaillissent de la même source divine et invisible qui est la Vie pour nous la révéler. Depuis, j’ai orienté ma vie vers l’Esprit et mon esprit vers l'art qu’il suscite. 


           Il ne s’agissait certes pas pour moi d’inventer un art spirituel pour notre temps, cet art advient et se régénère nécessairement de lui-même à chaque époque par l’oeuvre de l’Esprit Saint qui inspire certains artistes, qui, nécessairement eux aussi, créent les oeuvres nécessaires à la Vie et à sa révélation. Il s’agissait essentiellement, et il s’agit encore, du retour du spirituel en l’homme, car en vérité si il y a abondance d’oeuvres spirituelles de tous les arts et de tous les temps, il y a ces derniers temps pénurie de regards et d’esprits disposés à les recevoir.  Cette rupture spirituelle, cet aveuglement, cette surdité tragiques se nomment le nihilisme et nos contemporains n’ont pas fini d’en éprouver durement les effets dévastateurs.


C’est pourquoi, je salue l’initiative de MuséumPassMusée d’organiser un Concours Expo nationale ouvert à tous, notamment aux jeunes et aux « artistes cachés ». Cachés, en retrait, incompris, incompatibles, infréquentables, invisibles, ou plus simplement invendables, beaucoup d’excellents, médiocres ou mauvais artistes  le sont aujourd’hui aux yeux du marché de l’art contemporain, des institutions et du monde globalisé, et cela volontairement pour les uns ou involontairement pour les autres. Mais, pour autant qu’ils soient des artistes véridiques, c’est-à-dire accordés avec ce que Kandisnky nomma la Nécessité intérieure, ils se savent connus du Donateur de la Vie qui est aussi le Créateur de cette Oeuvre magnifique qu'est cette Terre confiée aux hommes pour leur accomplissement spirituel. Mais savons- nous encore, après vingt siècles de civilisation chrétienne et un bon siècle de nihilisme, que Dieu nous fit à son Image, vivants, poètes et artistes, libres de poursuivre éternellement son oeuvre par les nôtres pour nous faire semblables à Lui en amour ?

    Espérons donc que ce Concours Exposition nationale permettra de montrer au Musée Royal des Beaux Arts d’Anvers, durant les Fêtes de Noël 2022, un certain nombre d’oeuvres d’art originales et véritablement inspirées de l’Adoration des Mages de Rubens et de l’événement inouï qu’il représente : la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, la venue au monde d’un enfant nouveau-né qui est la Vie même que viennent adorer des bergers, des mages, des sages et des rois. 


         L’Adoration de l’Enfant Jésus par les Mages est célébrée le jour de l’Épiphanie, peu de jours après la Nativité. En grec ancien epiphaneia signifie manifestation. Dans ce contexte religieux, il s’agit d’une manifestation de Dieu aux hommes. En l’occurence, il s’agit d’une théophanie sans précédent puisque c’est Fils de Dieu qui s’incarne en notre humanité par Marie, sa Mère. Cet enfant nouveau-né est ainsi à la fois humain et divin. Il vint au monde comme les premiers hommes et les sans-logis, dans une grotte où les animaux s’abritent des prédateurs. Cet événement à la fois humble et miraculeux inaugure la Révélation, la Révélation de ce que nous sommes en vérité en l’oubliant sans cesse : des vivants humains et divins, des vivants dans la Vie, des enfants de Dieu qui naissent comme Jésus dans et par l’unique Vie qui soit, celle de la Vie absolue que Jésus Christ nommera Notre Père. Or, cette Vie est Lumière et Amour, comme nous le révèle l’évangéliste Jean. 


Ces évènements fondateurs incroyables encore pour nombres d'hommes de ce monde, nous ont été transmis par les évangiles de Luc, de Matthieu et de Jean. Ces récits se complètent mutuellement.

        

        Luc commence son évangile par une mise au point :  


    «Plusieurs ayant entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, suivant ce que nous ont transmis ceux qui ont été des témoins oculaires dès le commencement et sont devenus des ministres de la parole, il m’a aussi semblé bon, après avoir fait des recherches exactes sur toutes ces choses depuis leur origine, de te les exposer par écrit d’une manière suivie, excellent Théophile, afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçus.» 


        Il poursuit son récit évangélique par les récits de la naissance de Jean-Baptiste, de l’annonce faite à Marie, et il en vient à la naissance de Jésus qui nous occupe et dont je vais résumer le récit : À cette époque, la Palestine et Jérusalem sont occupés par l’envahisseur romain et l’empereur César Auguste ordonne un recensement de toute la terre. Tous ses sujets doivent se faire inscrire dans leur ville natale. Joseph et son épouse Marie montèrent donc de leur village, Nazareth, en Galilée, pour se rendre à Bethléhem en Judée, dans la ville de David, parce que Joseph était de la maison et de la famille de David, afin de se faire inscrire avec Marie, qui était enceinte. Pendant qu’ils étaient là, le temps où Marie devait accoucher arriva et elle enfanta son fils premier-né. Elle l’emmaillota, et le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie. Le chapitre suivant décrit l’adoration des bergers, qui eut lieu dans la nuit même de cette naissance.


        L’arrivée des Mages auprès de l’Enfant et de Marie et Joseph, nous est racontée en ces termes par Matthieu : 


    «Jésus étant né à Bethléhem en Judée au temps du roi Hérode, voici que des mages d'Orient arrivèrent à Jérusalem, et dirent : Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l’adorer. Le roi Hérode, ayant appris cela, fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. Il assembla tous les principaux sacrificateurs et les scribes du peuple, et il s'informa auprès d'eux où devait naître le Christ. Ils lui dirent : à Bethléhem en Judée ; car voici ce qui a été écrit par le prophète: Et toi, Bethléhem, terre de Juda, Tu n'es certes pas la moindre entre les principales villes de Juda, Car de toi sortira un chef Qui paîtra Israël, mon peuple. Alors Hérode fit appeler en secret les mages, et s'enquit soigneusement auprès d'eux depuis combien de temps l'étoile brillait. Puis il les envoya à Bethléhem, en disant: Allez, et prenez des informations exactes sur le petit enfant; quand vous l'aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que j'aille aussi moi-même l’adorer. Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici, l'étoile qu'ils avaient vue en Orient marchait devant eux jusqu'à ce qu'étant arrivée au-dessus du lieu où était le petit enfant, elle s’arrêta. Quand ils aperçurent l'étoile, ils furent saisis d'une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l'adorèrent; ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et lui offrirent en présent de l'or, de l'encens et de la myrrhe. Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin. Lorsqu'ils furent partis, voici, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, et dit : Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, fuis en Egypte, et restes-y jusqu'à ce que je te parle; car Hérode cherchera le petit enfant pour le faire périr.  Joseph se leva, prit de nuit le petit enfant et sa mère, et se retira en Egypte. Il y resta jusqu'à la mort d'Hérode, afin que s'accomplît ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète: J'ai appelé mon fils hors d'Egypte. Alors Hérode, voyant qu'il avait été joué par les mages, se mit dans une grande colère, et il envoya tuer tous les enfants de deux ans et au-dessous qui étaient à Bethléhem et dans tout son territoire, selon la date dont il s'était soigneusement enquis auprès des mages.» 


    Ces récits factuels précis de Luc et de Matthieu concernent un événement miraculeux et mystérieux accompagné de nombreuses épiphanies, de manifestations célestes, comme l’étoile qui guida les mages et des apparitions angéliques, toutes choses susceptibles de nous faire à dépasser la lecture factuelle pour essayer de pénétrer le sens caché de ces événements célestes et terrestres par lesquels commence la Révélation de notre origine et de notre destination divines, celle de notre filiation et de notre résurrection en Dieu. 


    Pour atteindre ces hauteurs et ces profondeurs nous devons nous tourner vers l’évangile de Jean qui dans son prologue nous donne le sens spirituel de ces événements :


     «Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par lui, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans lui. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes. La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue. Il y eut un homme envoyé de Dieu : son nom était Jean. Il vint pour servir de témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui. Il n’était pas la lumière, mais il parut pour rendre témoignage à la lumière. Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme. Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l’a point connue. Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont point reçue. Mais à tous ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu. Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père.» Jean 1, 1-14 


    La nuit de la Nativité le Tout Puissant se fait Tout Puissant en humilité pour se faire notre Sauveur. Il révèle aux hommes leur naissance divine, leur filiation en Dieu. Il nous pardonne nos oublis et nous proclame son Amour infini et son Désir de nous donner sa Vie éternellement. Et cela par son Fils premier né, de Père divin et d'une Mère humaine, que les bergers, les mages, les sages, les rois et les anges adorent la nuit de sa venue en ce monde et celle de sa naissance en coeurs vivants. Hosanna au plus haut des Cieux et Paix sur la Terre aux hommes de bonne volonté, chantent les anges.


    Je présente à ce Concours une oeuvre sur le thème de l’Adoration des mages. C'est une peinture à la tempéra de 80 x 120 cm qui fut réalisée cet été, spécialement pour ce concours Expo nationale.  Cette oeuvre fait partie d’une série sur ce sujet, et s’inscrit dans une série de grands tableaux consacrés au cycle chrétien : Annonciation, Nativité, Résurrection, Adoration etc, sur laquelle je travaille depuis quelques années - voir images ce dessous. Elle se veut préparatoire à une réalisation en grand format si cette demande s’exprimait. (1)


    Je montre ci-dessus cette oeuvre en simulation muséale pour donner un aperçu de son format et ci-dessous une image en meilleure définition dans laquelle les détails apparaissent davantage.

 


Les Mages à l'approche de la Lumière de la Vie. 
 Robert Empain. 2022.


    Ce sujet dix mille fois représenté est diffusé est connu de tous, il est devenu inutile de le monter une nouvelle fois de manière narrative et réaliste, et d’autant plus que le sens spirituel de cette Adoration s’est noyé sous ce flot de reproductions et perdu dans la société de consommation et la commercialisation profane des fêtes de Noël.


    Mon oeuvre est d’inspiration johannique, elle se veut spirituelle, sobre, humble, nocturne, orientale et pour notre temps.


La nuit dans ce tableau traduit les ténèbres et l’aveuglement de notre époque, celle du nihilisme. Le désert exprime notre errance et notre sécheresse spirituelle. Les rougeurs visibles dans le village de Bethlehem, à droite du tableau, évoquent le Massacre des innocents, celui des nouveaux nés que le roi Hérode ordonna de tuer après que les mages soient répartis sans lui dire où trouver l’Enfant. 


    Ma vision de l’Adoration des mages diffère sensiblement de la vision baroque que Rubens en donna à l’époque de la Contre-Réforme catholique. Cette oeuvre ne se donne pas en spectacle, n’exprime pas le triomphe du catholicisme, ne s’impose pas aux spectateurs, comme le font souvent les oeuvres imposantes de Rubens. La Nativité, cet événement théophanique de portée universelle, y est discrète, presque invisible, son importance et son sens n'apparaissant qu'à ceux qui se rendent capables de les recevoir par le Coeur : d’humbles bergers, des Mages venus d’Orient, des hommes de bonne volonté, des chercheurs de Dieu, des regardeurs d’art attentifs. 


        Cette oeuvre invite au rapprochement, à l’attention, au recueillement. Elle demande une disposition spirituelle, une simplicité de coeur, qui permettent de rejoindre en esprit les Mages pour s’approcher avec eux de l’Étoile qui les a guidés vers la Lumière qui sauve. Cette Lumière étant ici l’Enfant Jésus lui-même....

Ces Mages venaient d’Orient, entendons de l’Orient spirituel où se lève la Lumière aurorale des révélations. Ces hommes éveillés furent instruit en songe que la Lumière des lumières se lèverait bientôt au Royaume des juifs occupé par le puissant Empire romain. Aussitôt, ils se mirent en route vers cette Lumière salvatrice que leur tradition spirituelle avait également annoncée. Elle fut pour eux la Voie, la Vérité et la Vie éternelle. Cette Lumière de l’Amour infini peut encore se lever sur les ténèbres nihilistes de notre temps et reconduire notre humanité à sa Naissance en Dieu. Car en vérité la Nativité de Jésus appelle la Naissance en Esprit de tout homme. 


      Les forces du néant à l’oeuvre en ce monde pourront s’opposer indéfiniment à cette Révélation, elles ne feront indéfiniment que se réduire elles-mêmes à néant, par vanité et mauvaise volonté.


     Gloire à Dieu et paix sur la Terre aux hommes de bonne volonté ! 


    Je vous remercie de votre attention. R.E

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Note


1. Voici quelques images des oeuvres de grands formats évoquées : 


1. Christ de lumière. Huile sur bois. 50 x 60 cm. 2008 

2. Noli me tangere 180 x 283 cm. 2015 

3. Ne me touche pas car je ne suis pas encore monté vers le Père. 209x270 ccm. 2015 

4. Nativité. Mère de Dieu. 190x180 cm. 2021