mardi 15 novembre 2016

Proclamer la Vie contre la mort est la raison d'être de ce livre

Grâce à vous artistes de tous les temps


Ad Imaginem Dei 1 L’oeuvre invisible est le tome premier d'une série que je rassemble à partir de mes notes d'atelier et de mes carnets d’artiste de 1980 à nos jours



Ce livre est disponible ici sur iTunes Store pour iBooks 



Ad Imaginem Dei

Ces trois mots Ad Imaginem Dei -- ou Vers l'Image de Dieu -- désignent l'origine et l'orientation donnée à chaque Homme par le Dieu Vivant.  
Ces trois mots ont guidé ma vie, comme tout ce que je peins et écris, comme ils ont guidé la vie des créateurs dont je parle dans ce livre. Comme eux sans doute, je me reconnais incapable de m’apporter moi même dans la vie, me reconnaissant alors la recevoir d’un Don, celui d'une Vie qui elle a le pouvoir de se donner vie à elle-même et de me la donner ensuite ainsi qu'à nous tous : la Vie absolue (1). En chrétien, je dirais : je suis vivant par le Père qui avant que le monde paraisse et par une grâce inconditionnelle et ineffable m'appela à la vie. Le Père est le Nom de Celui qui nous fait vivants à son Image et pour sa ressemblance - Genèse 1,26





Paul Cézanne est un compagnon rencontré sur le chemin
de la vérité en Peinture. Je l'évoque longuement dans Ad Imaginem Dei



Le Vivant est Amour absolu Liberté absolue.  Il est Celui qui est et qui sera. Il est le Père, le Fils et l'Esprit qui nous désirent éternellement dans leur Ressemblance, c'est-à-dire librement et parfaitement advenus à nous-mêmes. Si avec le monde nous disons : cette histoire est une fable, elle est décidément trop belle pour être vraie, ou quelque-chose du même genre, nous perpétuons, par vanité aveugle, le drame initial de notre exil en terre mortelle, en terre d’ego exilés. Ce non au don de la Vie qui ne peut que se donner, est refus de la grâce qui nous donne de nous donner à notre tour gratuitement et à profusion, refus de faire croître infiniment la Vie en nous ; il est aussi pétrification, suspens de nos vies dans le temps indéfini de notre existence, de notre égoïsme et de notre ingratitude.

L’oeuvre invisible ?
Ce premier livre commence le récit de ma longue histoire d’amour avec la Vie qui m’a aimé la première. Ce premier tome est tiré de mes carnets des années quatre-vingts en partie reconstitués, complétés et modifiés quant aux noms des personnes évoquées. Il  suit l’itinéraire tâtonnant du jeune marié dépité, du créatif choyé et du peintre inconnu que j’étais alors, et qui, poussé par la Nécessité intérieure (2) - qui n'est autre que l'appel de la Vie en nous - passe des agences, des studios et des salles de montages en effervescence à l'atelier silencieux, de l’inventivité créative à l'Imagination créatrice, des images fabriquées et souvent falsifiées aux oeuvres d'art, du dehors au dedans, du visible à l’invisible, du désir à l’amour, de l’existence à la Vie, des idoles à la Vraie Image, aimante, aimée et vivante de Dieu - que je suis, que vous êtes, que nous sommes tous par naissance et vocation.  Passant les barrières d’illusions et de doutes que l’adversité du monde dresse devant nous, traversant les portes de Beauté qu'élèvent les artistes, les peintres, les musiciens, les poètes et  les mystiques, guidé du dedans vers une lumière qui n'est pas de ce monde, je commençai à entrevoir des lueurs que les songes allumaient dans ma Nuit.





La Vierge en gloire entre saint Augustin et saint Pierre vénérée 
par un donateur, un tableau initiatique de 1435 de Robert Campin
 rencontré en personne sur le chemin qui conduit à la Vraie Image.



Dans ce long parcours initiatique, je compris que la seule oeuvre digne d’être accomplie par un être humain échappe à toute appropriation en ce monde, car elle n'est autre que celle que la Vie accomplit invisiblement en nous dès lors qu'ayant abandonné le monde et ses leurres nous nous confions corps, âme et esprit à son Esprit créateur, le laissant parachever son oeuvre en nos coeurs éblouis. C’est ainsi que sur mon chemin, ma pratique de peintre céda peu à peu la place à des créations immatérielles, que je nommai des Actions de grâce... 
Mais ce passage sera décrits dans les livres suivants.

Pourquoi publier ce livre aujourd'hui ?
Après avoir tué Dieu en eux et déclaré sa mort certaine, après avoir oublié la Vie absolue dont ils vivent et s’être ainsi niés et assassinés spirituellement, les hommes modernes sont devenus des morts-vivants qui s’ignorent. Ivres des pouvoirs dont ils ne disposent que par grâce et qu’ils ne font qu’usurper, les hommes, plus ténébreux et vaniteux que jamais, sont persuadés de vivre à l’âge des lumières et de conduire un Progrès qui leur procurera bientôt la possession de la vie et sa jouissance perpétuelle. Pourtant, qui ne voit que les hommes s’appliquent savamment à asservir et à détruire tout ce qui vit et à parachever la réalisation de l’Enfer sur la Terre ? 




Portrait de Robert Empain travaillant au grand Pèlerin...
Photographie de Bernard Foubert



En ce monde parvenu au comble de l’absurde et du péril, le moindre des vivants se sentant porteur d’un peu de la lumière de la Vie ne doit-il pas proclamer la Parole qui peut nous sauver ? Ne doit-il pas proclamer qu'il est nous possible d'échapper à la mort de notre vivant ? Les artistes - dont je suis - ne doivent-ils pas créer et agir en ce sens de toutes leurs forces et de toutes les manières que l’Imagination créatrice leur soufflera ? Les poètes, que nous sommes tous par vocation, ne doivent-ils pas témoigner inlassablement que la vie est le chef-d’oeuvre absolu qui outrepasse infiniment en Beauté et en Valeur toutes les oeuvres du monde ? Ne faut-il pas soutenir que la Vie seule donne son sens à l’Univers ainsi qu'à nous tous les vivants qui n’existons que par Elle, pour Elle, pour l’avènement de l’Amour ? Ne faut-il pas que dans ce monde voué au calcul, les chrétiens proclament avec le Christ Jésus que la connaissance véritable est d’aimer la Vie en eux, en chacun et en tous ? Si la Vie est bien celle que le Fils nous l'a révélée comme Notre Père à tous, ne faut-il proclamer cette connaissance inouïe comme une grâce qu’il suffit de recevoir pour que soient transfigurés l’univers et les vivants ?

C'est pourquoi mon témoignage aussi faible et faiblement entendu qu'il sera m’est apparu d'autant plus nécessaire que je voyais l'art contemporain - entendu comme l'art officiel et marchand de notre époque - s’enfoncer avec ses agents dans les ténèbres de la culture spectacle, de l’histoire de l’art en temps réel et du marché global spéculatif, renonçant  ainsi à sa vocation d’être un Art pour la vie et les vivants. 
Le système actuel mondial de l'art est tragiquement conduit par l'argent et l'idée d'un progrès continu qui, à l'instar du marketing, exige un flot continu de produits nouveaux. Les oeuvres d’art, tant celles du présent que du passé, sont niées dans un tel système où elles sont créées ou regardées comme produites par des vagues historiques successives et progressives et, dès lors, comme des produits à l'obsolescence programmée. Ce système, qui se croit libre et avancé, nie dans sa machinerie de néant l'art et les artistes, et avec eux la Vie que l'art a pour mission de révéler et d'accroître. Pourtant, simultanément et invisiblement, dans l’intériorité de nombreux vivants, au coeur même de notre Humanité, monte un Désir, une Espérance dans la Vie vraie et en son Oeuvre d’amour. 



(1) Michel Henry
(2) Wassily Kandinsky

Texte de Robert Empain
Illustrations Paul Cézanne et  Robert Campin, deux artistes présents dans Ad Imaginem Dei 1 L"oeuvre invisible 



jeudi 10 novembre 2016

La Nuit du Sacre et le Jour de la Résurrection


Grâce à toi Thierry Berlanda


Parution de 

La Nuit du Sacre 

Tome III  d’une trilogie comprenant 
I L’Insigne du Boiteux  et II La Fureur du Prince





Parmi les vivants seul l’homme possède le privilège, le pouvoir miraculeux de nommer ce qu'il voit, ce qu'il sent, ce qu'il éprouve, ce qu'il pense, ce qu'il désire, ce qu'il aime, ce qu’il est, ce qu'il craint, ce qui le tourmente, ce qu'il hait, ce qui l’accuse, ce qui le tue et plus rarement ce qui le fait tuer et ce qui le fait vivre. Mais ce privilège de nommer, d’où nous vient-il ? Non pas seulement d’être des créatures vivantes mais d’être des hommes vivants dotés d’un corps, d’une âme et d’un esprit capable de connaître, à savoir de naître par la connaissance spirituelle à ce que nous sommes en vérité. 

C’est en ce sens que tout homme est par naissance un poète destiné à la connaissance qui consiste à nommer le créé et l’incréé, le visible et l’invisible, l’innomé et l’innommable, en lui et hors de lui ; ce que savaient Baudelaire et Rimbaud qui diront que le poète devra « plonger au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau ! » Mieux encore, oserai-je ajouter, pour devenir nouveau, pour faire de l’Inconnu qu’il était à lui-même la personne nouvelle qu’il est devenu en la nommant, en la connaissant en lui. Et le poète qui se connaît peut dire alors : Je suis celui que je suis, celui à qui le Vivant a donné son Nom et le pouvoir de nommer. Et cette vocation de l’homme nous est révélée par le premier poète, l’auteur de La Genèse, le premier Livre de la Bible.

J’ai déjà parlé de La Genèse dans une note de lecture précédente dédiée aux deux premiers tomes de ce thriller de Thierry Berlanda, L’insigne du Boiteux et La Fureur du Prince, car si La Genèse est un mythe, une cosmologie, un poème, le récit inouï de notre venue dans la Vie, elle est aussi le récit d’un meurtre, le premier meurtre, le meurtre fondateur et répété, oublié et innommé : le meurtre originel et perpétuel de l'homme par lui-même. Le Livre des livres, le Livre source apparaissant alors comme le premier roman noir, le premier thriller de tous les temps auquel tous les autres puisent continuellement, consciemment ou non.




Jeune homme au Serpent. 2010



Le meurtre originel et perpétuel de l’homme par lui-même nous jette constamment dans un monde où nous imaginons vivre et mourir alors que nous ne faisons qu’y exister pour muter. Ce meurtre fait du poète de Dieu que nous sommes un parlant qui prononce dans le monde des mots et des formules vides et fabrique des objets inanimés, des idoles sans vie et des robots qui la singe. Un être pour la mort donc, comme le dit la philosophie dominante, un révolté, un égaré, un exilé de lui-même en vérité qui se trouve pris dans la série interminable de meurtres dont il est à la fois le coupable et la victime, qu’il commet alors qu’il en a oublié le mobile et le souvenir qu’il a jetés ensemble quelque part au fond de l’Inconnu. 
Un Inconnu, un Ailleurs oublié dans lequel de rares poètes comme Thierry Berlanda ne cessent de plonger pour retrouver le Toujours Nouveau et le rendre aux humains dans de nouveaux livres.  

Mais lisons ce que dit Thierry Berlanda de ses nouveaux livres : « Par essence, tout roman (thriller ou pas), relève du genre fantastique, en ce qu’il décrit une réalité à la fois moins prosaïque que le quotidien, mais qui doit être tramée dans ce quotidien. Le quotidien n’est pas celui des décors ou des autres éléments impersonnels de la vie : il est la Vie vécue elle-même. Peiner en montant un escalier, sourire quand le vent essaie de me voler mon chapeau, retirer un caillou de ma chaussure, avoir envie d’une part de pastèque, etc… Et c’est dans cette quotidienneté fourmillant de mille épisodes fugaces, dans la chair même où tous les sentiments, grands et petits, sont éprouvés, que l’extraordinaire va avoir lieu. Si ce principe n’est pas respecté, il n’y a pas de roman. En l’occurrence, dans mon roman, c’est par effraction, violemment, que l’extraordinaire va entrer dans le quotidien. 
Et plus loin dans le même entretien : « Provoquer la collision de l’élément d’étrangeté et de l’élément de quotidienneté est une de mes raisons d’avoir choisi un personnage de criminel complètement exotique, aussi bien par ses origines (il s’agit d’un prince Iranien) que par sa structure psychique vraiment catastrophique… J’organise donc une rencontre explosive entre d’une part une jeune femme intelligente, rationnelle, angoissée, jolie, parisienne et mère d’un petit garçon, et d’autre part un homme avec une idée fixe, absolument déterminé et sûr de soi, au visage abimé, d’origine persane et qui est fasciné par les petits garçons, dont il fait les personnages principaux de ses rituels meurtriers. » Et en conclusion : « Quant à « l’ailleurs » où le lecteur veut être emporté, charge à l’écrivain de lui montrer qu’un roman n’est pas fait pour le dépayser, mais pour le «repayser », c’est-à-dire pour le ramener chez lui, pour le remettre dans l’axe de son propre Soi, et faire en sorte que ce soit toutes les vanités du monde ordinaire qui lui paraissent dérisoires. Cela aussi, cette sorte de libération, fait partie de la promesse initiale de l’écrivain au lecteur. Dans les bons livres, elle est tenue. Dans les autres… »  
(je souligne )

Quoi qu'il écrive Thierry Berlanda donne à lire une langue à lui, inouïe, baroque, vive, tendre et sauvage, toujours précise, savante et brillante. Quelque soit l’histoire, ses romans nous prennent du début à la fin, ne cessant de monter en intensité et en acuité pour nous conduire là où il veut nous mener : au coeur tremblant de nous-mêmes, «dans l’axe de notre propre Soi», là où la Vie nous étreint pour se faire reconnaître et nous ressusciter.

Par «retour chez soi» et «axe de notre propre Soi» entendons donc résurrection de la Vie, étreinte avec le Toujours Nouveau, qui sont pour Thierry Berlanda «la promesse initiale de l’écrivain au lecteur». Ce n’est pas par hasard mais par une décision fondamentale que notre auteur place la résurrection au centre de sa trilogie. Mais voyons de quel genre de résurrection il s’agit dans un passage intense de La Nuit du Sacre, dans lequel Jeanne, l’héroïne, est prise une nouvelle fois au piège du Prince et de son rituel de résurrection : 
« Jeanne, elle, ne respire plus et sa chair s’émiette entre les parois de son con corps. Sentant qu’elle meure, elle réunit désespérément ses dernières forces. Se laisser tomber sur Aravahani, le bloquer peut-être une seconde ou deux en hurlant à Léo (son fils) de s’enfuir, voilà tout ce qu’elle peut. Les yeux bien ouverts jusqu’au plongeon dans la fournaise, les mâchoires serrées, elle s’apprête à frapper la tête d’Aravahani avec le trophée de ses pères en s’effondrant sur lui. Mais à cette milliseconde, la mécanique de son sacrifice se grippe. Jeanne bloque son geste et fait un effort pour retrouver l’équilibre  car un accroc vient de se produire dans la trame fatidique, quelque chose qu’elle n’identifie pas immédiatement. Des sons étonnants s’élèvent dans l’appartement. 
Le Prince paraît surpris, mais aussitôt il intègre joyeusement cette nouveauté dans le rituel. Aniela Idkowiak (une dame âgée que le Prince a prise en otage chez elle), premier prix du concours international Frédéric Chopin en 1961, s’est installée au piano. Est-elle plus intimidée que lorsque devant le président du jury Drzewiecki, elle avait joué la Polonaise Héroïque, et que ses doigts et tout son corps l’avait exécutée sans qu’elle n’ai fait rien d’autre pendant six minutes et 33 secondes, que se laisser traverser par l’esprit ? Elle joue, déroulant les arpèges où se fomente la colère des accords plaqués, dont la force anime le Prince d’une joie nouvelle, magnifique dans son coeur, hideuse pour ceux qui en sont témoins. « Ô trône de gloire et socle de Mon règne ! Ô alamat é ma’loul ! Ô sein de reine, ô ventre de ma mère, ouvre toi ! » page 222. 

Cette extraordinaire force qui surgit dans ce roman aux moments des plus grands périls pour s’opposer à la force qui tue - et que l’auteur appelle l’énergie noire dans La Fureur du Prince, le Tome II de cette trilogie - est la force même de la Vie.
La Vie qui nous donne de vivre à chaque instant, la Vie qui s’incarne en nous, la Vie qui donne à notre poète romancier d’incarner ses héros, de les faire vivre, et de faire trembler et jubiler ses lecteurs, la Vie qui soulève la vielle pianiste terrorisée, pour jouer Chopin alors que Jeanne semble condamnée. La Vie qui inspira à Chopin sa Polonaise héroïque, la Vie qui émane de sa musique et qui « anime le Prince d’une joie nouvelle, magnifique dans son coeur, hideuse pour ceux qui en sont témoins.» La Vie encore, aussi révoltant que cela paraisse aux égarés que nous sommes, qui anime et permet la rancoeur, la fureur et la folie criminelle du Prince déchu. La Vie qui donne chacun d’entre nous à lui-même qu’il soit un saint ou un assassin ! 



 La Polonaise héroïque de Chopin
par Arthur Rubinstein. 


Oui, car la Vie qui se donne, la Vie qui nous veut et nous aime, nous donne la liberté de l’oublier, de la nier, de la mépriser et de la retourner contre elle-même, pour, espérons-nous, la prendre pour nous seuls. Oui car, la Vie nous espère et nous pardonne et nous ressuscite. La Vie permet même aux égarés que nous sommes de singer sa propre résurrection dans un rituel satanique, par exemple, comme celui de ce Prince possédé que Thierry Berlanda place au centre de son roman comme Dieu place au centre de son Paradis un Serpent enroulé à l’Arbre de la Connaissance et de la Vie. 

Il y aurait encore beaucoup de choses essentielles à dire de ce roman, particulièrement de ce rituel de résurrection atroce, théâtralisé à l’extrême ici par Thierry Berlanda. 

Pour commencer, je ferai remarquer que cet extraordinaire rituel n’est pas aussi extraordinaire que l’auteur le pense, étant devenu le quotidien de quelques milliards d’humains plongés à tout moment dans leurs écrans sur lesquels des meurtres réels ou simulés, plus atroces les uns que les autres, sont commis par des milliers d’autres humains et défilent en différé sinon en direct. 
Ensuite, que tout meurtre, ritualisé, théâtralisé ou banalisé, répète le rituel originel et perpétuel que révèle La Genèse. Car le fond de tout meurtre est le désir trompeur que propose le Serpent à l’homme de devenir Dieu sans Dieu, de s’emparer de la vie pour lui seul, que cette vie soi la sienne ou de celle des autres. Ce dessein délirant est en passe de se réaliser avec ce que préparent les bio-technologies et le transhumanisme qui au lieu de s’emparer de la vie, nous enfermeront dans la mort éternelle.
Enfin, que tous ces délires d’immortalité et de résurrections, tous ces désirs insensés d’une toute puissance arrachée à la Vie, ne font qu’inverser naïvement et reporter indéfiniment notre véritable résurrection qui nous a été donnée une fois pour toutes par la grâce de la Vie en Personne, que nous pouvons nommer avec le Fils, Notre Père. Un Père qui n’a pas voulu que l’homme se perde dans une mort éternelle et qui s’est fait homme par son Fils pour que l’homme se fasse Dieu. 

Notre Incarnation et notre Résurrection ont déjà eu lieu en Jésus-Christ. Nous pouvons les recevoir par la voie la plus assurée, la plus simple et la plus belle qui soit : la grâce et l’amour de la Vie en nous et en tous.    



Ne me retiens pas
je ne suis pas encore monté vers le Père.
2015



   Texte, collage et tableaux de Robert Empain

jeudi 3 novembre 2016

Ils sont repartis chez eux des étoiles plein les yeux


Grâce à toi Charlotte Dunker

     Surdouée pour le dessin, Charlotte Dunker est sortie de l'Atelier de dessin l'Académie des Beaux Arts de Tournai en 2010. La même année elle participait avec le groupe Grâce à l'exposition Viens, Esprit Saint à l'église des Minimes à Bruxelles, où elle présentait dans les vitrines qui retracent l'histoire extraordinaire de ce lieu, des miniatures à l'huile qui retracent l'histoire des personnes qui avaient marqué sa vie. A propos de cette installation, j'écrivais alors : Il est nécessaire de s’approcher de ces peintures pour les regarder, pour s’y exposer et pour entrer alors dans leur intimité, dans l’histoire de ces personnes et de la famille de l’artiste qui pourrait tout aussi bien être la nôtre, et qui l’est en vérité puisque nous formons, que nous le sachions ou non, une seule famille humaine issue d’un même Père. Charlotte Dunker dessine et peint à partir des rares images qui de nos jours sont encore faites par amour et qui sans tricher en témoignent. De ces images qui désirent garder la vie vécue, précieuse, passée et partagée avec des personnes aimées, la jeune artiste fait des peintures qui viennent redoubler les regards, l’attention et l’amour et qui alors, par la force de l’Esprit qui est l’Amour en Personne, ressuscitent un peu d’amour en nous pour ces inconnus qui nous ressemblent tant." 
Par la suite Charlotte Dunker présenta sont travail dans quelques bonnes galeries de Bruxelles, où il  fut exposé et vendu rapidement. Mais bien vite, selon ses termes, elle se sentit étouffer dans ce rôle de l'artiste fabricant de beaux dessins pour le marché et les foires d'art, elle se sentit dépérir car son travail perdait de son sens, de sa nécessité intérieure. Courageusement, elle prit ses distances avec les marchands et se mit à la recherche d'une autre manière d'être artiste aujourd'hui. C'est de cette autre manière d'être artiste dont elle parle dans un texte que nous publions ici avec joie. 
Cette expérience est menée dans le cadre de sa collaboration avec le SMart, une organisation qui apporte des réponses concrètes en proposant conseils, formations et outils administratifs, juridiques, fiscaux et financiers, pour simplifier et légaliser l’activité professionnelle des travailleurs autonomes et des artistes. Nous sommes heureux de partager et de faire connaître ici le témoignage de Charlotte qui montre très concrètement comment l'art peut bel et bien ressusciter la vie non seulement des artistes mais aussi celles des personnes avec et pour lesquelles cet art est fait ! Cette expérience pourra en outre ouvrir des perspectives humainement enrichissantes aux artistes confrontés à la réalité strictement lucrative et mortifère de l'art marchand contemporain, officiel et institutionnel.   







Huiles sur papier de Charlotte Dunker. 2010



" Après l’obtention de mon Master en arts plastiques, visuels et de l’espace, obtenu à l’Académie des Beaux-arts de Tournai en 2010, j’ai suivi une spécialisation toujours en cours en art thérapie au centre Rhapsodie. J’ai construit mon projet professionnel sur l’accès à l’art pour les personnes malades, marginalisées dans leur situation psycho-sociale ou dans une situation de handicap. Et cela à travers des ateliers créatifs, par lesquels je souhaite rendre l’art accessible à tous.

Forte de mes années d’expériences dans le secteur de la santé mentale et plus spécifiquement dans l’animation d’ateliers, j’ai développé une méthodologie qui vise à apporter le meilleur cadre possible pour la pleine réalisation et l’expression des personnes avec lesquelles je mène les projets.

A présent, je monte des projets artistiques dans différentes structures : hôpitaux, maisons de repos, centres psychiatriques, centres spécialisés, culturels, musées, a.s.b.l. d’éducation permanente, écoles, etc,  A cet effet, j’invite les participants à se réunir autour d’une thématique pendant plusieurs séances. Pour clôturer l’atelier construit avec les participants, nous réalisons une exposition, une édition, un film ou un documentaire sonore avec leurs dessins et/ou leurs témoignages. Ces ateliers sont nés de rencontres déterminantes avec les résidents et les professionnels des centres dans lesquelles je suis intervenue.

Développés en collaboration avec des professionnels de santé, j’ai la conviction que ces ateliers créatifs ont une réelle valeur thérapeutique. Ce qui a été ouvertement validé par les instances médicales. Chaque atelier est conçu selon l’institution et réfléchi pour la «pleine» réalisation et l’expression des personnes. Grâce aux partenariats avec des musées, des évènements culturels et des chaînes de télévision, ces projets offrent une visibilité valorisante et un moyen d’expression aux participants pour recréer du lien avec la société.

La diversité des publics et des projets ainsi que la qualité des relations humaines sont d’une richesse extraordinaire. Parmi mes expériences, j’ai travaillé au Village n°1 avec des personnes en situation de handicap mental, en psycho-gériatrie à la Clinique Saint Jean à Bruxelles ainsi qu’à l’école La Famille (école de type 4). Ces expériences furent les plus intenses et lumineuses interventions de mon parcours. Je construis une relation particulière avec ces publics.


Créative, enthousiaste, empathique, dotée d’une grande aisance relationnelle et d’une grande capacité d’écoute, je suis convaincue de contribuer en équipe à l’élaboration d’un environnement propice au mieux-être et à l’épanouissement des bénéficiaires d’établissements de soins. Avec mes expériences en art-thérapie, je participe à un travail d’évaluation psychologique et je construis des outils précis d’aide à ces personnes présentant des difficultés d’adaptation.

J’espère vous que vous aurez le temps de visionner ces quelques courts-métrages et qu’ils vous plairont.



 
Le temps, pourquoi penser à ça… 
Voici la trace des ateliers mené au sein de la maison de repos Schuman le noble âge.








On prend Pépé avec !
Ce court-métrage a été réalisé avec les résidents du Village n°1 à Ophain. Il a été montré lors de la Museum Night fever 2016. Aller au-devant des publics dits « fragiles », intervenir avec des personnes en situation de handicap m’intéresse tout particulièrement. Ce qui fait sens pour moi c’est de leur offrir une porte d’entrée dans le monde de l’art, de leur montrer que c’est aussi possible pour eux de monter des projets… qu’ils peuvent être acteurs, expérimenter, aller dans les musées, participer à un projet culturel. Près de 2000 personnes sont passées au musée lors de la soirée. C’était vraiment fabuleux de présenter le court-métrage aux participants dans ce contexte. Ils étaient ravis, ils sont repartis chez eux des étoiles plein les yeux, m’a-t-on dit !" Charlotte Dunker

Illustrations, texte, huiles et vidéos : Charlotte Dunker