par Robert Empain
James Ensor (1860-1949) - Deniers de César, 1888 |
Un bon dessin doit demeurer ouvert : les lignes ne fermant pas les formes le fond infini peut alors passer dans les corps, l'oeil et l'esprit circuler librement et redonner vie.
L'artiste, James Ensor ici, n'a pas voulu achever, il n'a pas imposé une image, une illusion, une idole, il s'est retenu, il s'est retiré, il s'est effacé pour nous inviter à le rejoindre dans son humble dessin.
Le sujet de ce dessin est ici le dessin lui-même, à savoir l'image et sa valeur.
A partir d'un passage de l'Evangile où les clercs de Palestine imaginent piéger Jésus en lui demandant si il faut payer l'impôt à César, à l'occupant romain du pays. Jésus répond en montrant l'image de César gravée sur les pièces de monnaie en circulation en ce temps là, et il dit simplement : " Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu " invitant les hommes à se débarrasser de l'argent, qui n'est qu'un instrument de pouvoir et un objet de convoitise, de vénération et de luttes stériles entre les hommes, et, cela fait, de rendre à Dieu ce qui lui revient, c'est-à-dire de rendre grâce à Celui à qui nous devons la vie.
L'image, associée à l'argent, est dénoncée par le Christ comme idolâtrie, comme une dévotion et une soumission à ce qui est mort, à ce qui ne vaut rien, et qui vaut, par conséquent, infiniment moins que nous qui sommes vivants par la grâce du Vivant à qui seul nous devons gratitude et adoration.
A partir d'un passage de l'Evangile où les clercs de Palestine imaginent piéger Jésus en lui demandant si il faut payer l'impôt à César, à l'occupant romain du pays. Jésus répond en montrant l'image de César gravée sur les pièces de monnaie en circulation en ce temps là, et il dit simplement : " Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu " invitant les hommes à se débarrasser de l'argent, qui n'est qu'un instrument de pouvoir et un objet de convoitise, de vénération et de luttes stériles entre les hommes, et, cela fait, de rendre à Dieu ce qui lui revient, c'est-à-dire de rendre grâce à Celui à qui nous devons la vie.
L'image, associée à l'argent, est dénoncée par le Christ comme idolâtrie, comme une dévotion et une soumission à ce qui est mort, à ce qui ne vaut rien, et qui vaut, par conséquent, infiniment moins que nous qui sommes vivants par la grâce du Vivant à qui seul nous devons gratitude et adoration.
De même pour l'art qui, sous peine de sombrer dans la dévotion idolâtre, doit être séparé de l'argent et rendu à Dieu. L'art n'est vérifié et justifié que lorsqu'il se fait Hospitalité et se donne comme un lieu où l'artiste nous reçoit gracieusement au Nom du Vivant.
Pour y parvenir l'artiste doit laisser l'Esprit agir en lui, se laisser traverser et inspirer par lui. Il doit se garder ensuite de fermer son oeuvre, de se l'approprier ou de se vénérer lui même en elle, de l'idolâtrer.
Il doit au contraire la laisser ouverte et offrir en partage cette inspiration. Il doit encore laisser aux autres une part active dans le devenir oeuvre de l'oeuvre.
Pour y parvenir l'artiste doit laisser l'Esprit agir en lui, se laisser traverser et inspirer par lui. Il doit se garder ensuite de fermer son oeuvre, de se l'approprier ou de se vénérer lui même en elle, de l'idolâtrer.
Il doit au contraire la laisser ouverte et offrir en partage cette inspiration. Il doit encore laisser aux autres une part active dans le devenir oeuvre de l'oeuvre.
Ainsi, l'imagination créatrice de chacun, qui en nous est l'esprit créateur et libre, peut donner chair aux lignes et aux formes comme les voyelles vocalisées donnent chair aux consonnes et comme nos voix chantantes donnent corps aux notes de musique transcrites.
Invités à la table de l'oeuvre, nous pouvons alors nous réjouir d'y être reçu et de la recevoir, d'y prendre part, de l'accomplir, de la vivre, de nous réjouir et de l'incarner.
L'artiste créateur, dans son humble mesure, n'agit pas autrement que le Créateur de l'Univers et des vivants, le Seigneur en Personne, qui s'est retiré de l'Oeuvre qu'il a faite, qu'il ne cesse de faire et qu'il nous destine, pour que nous en soyons le parachèvement, l'accomplissement, pour que nous l'y cherchions et que nous connaissions la joie de le trouver en nous trouvant nous-mêmes et de lui rendre grâce de nous avoir offert d'accomplir en nous son oeuvre, son don, son dessein, son hospitalité, sans jamais nous y avoir contraint.
Illustration : Les deniers de César par James Ensor ; Texte : Robert Empain, 28 mars 2014
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