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NOËL MESSE DU JOUR
Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU Abbé de Notre-Dame de Fontgombault
(Fontgombault, le 25 décembre 2024)
Chers Frères et Sœurs, Mes très chers Fils,
La tradition a assigné à chacune des trois Messes de la nuit et du jour de Noël l’une des trois naissances du Christ : sa naissance éternelle au cœur de la Trinité à la Messe de minuit, illustrée par le texte de l’introït tiré du Ps 2 : «Le Seigneur m'a dit : tu es mon Fils, moi, aujourd’hui, je t'ai engendré.» (v.7), sa naissance selon la chair à la Messe du jour ; et enfin sa naissance dans les âmes, par laquelle le Christ «se lève dans nos cœurs telle l’étoile du matin.» (2 P 1, 19), texte repris par l'introït de la Messe de l’Aurore.
Cette année, l’Église commémore trois événements qui ont trait à la personne du Verbe de Dieu tant en sa nature divine qu’en sa nature humaine, et qui reprennent les trois naissances du Verbe de Dieu.
"Et Verbum caro factum est Et le Verbe s’est fait chair." (Jn 1,14 )
Il y a tout d’abord l’anniversaire du premier concile œcuménique, le concile de Nicée qui s’est tenu du 20 mai au 25 juillet 325. Il s’agissait alors de préciser la nature du Fils par rapport au Père en la Trinité. En quel sens peut-on dire que Dieu a un Fils ? Est-il fils comme nous le sommes, ou est-il Fils selon une génération unique ?
Pour Arius, un prêtre des faubourgs d’Alexandrie, le Logos, le Verbe est une créature de Dieu, la première. Première des créatures, il sera à son tour créateur des autres créatures. La simplicité de la vision d’Arius répandue par ses prédications crée la confusion. La crise s’étend.
En réponse aux erreurs d’Arius, le concile de Nicée affirme que le Fils est non pas créé, mais engendré du Père selon une génération véritable et éternelle. Il naît vrai Dieu de vrai Dieu. Le Fils est donc Dieu comme le Père est Dieu. Dieu, il est non seulement de même nature que le Père, mais dans une totale communion de nature avec le Père. Il n’y a qu’un seul Dieu. Pour préciser cela, l’Église utilise un mot : il est consubstantiel au Père.
Chaque dimanche, l’Église nous invite à professer notre foi dans ce grand mystère :
Je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles : Il est Dieu, né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu, Engendré, non pas créé, consubstantiel au Père, et par lui tout a été fait.
Nous trouvons la doctrine des premières lignes du Prologue de l’Évangile selon saint Jean :
Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui. (Jn 1,1-3)
C’est aussi l’enseignement du Prologue de l’Épître aux Hébreux que nous venons aussi d’entendre, où le Fils est dit : « Héritier de toutes choses et par qui il [le Père] a créé les mondes. Rayonnement de la gloire de Dieu, expression parfaite de son être. » (Hb 1,2-3)
Cette année est aussi l’année du grand jubilé de Paray-le-Monial, à l’occasion des 350 ans des apparitions de Jésus à sainte Marguerite-Marie. Ouvert le 27 décembre 2023, il se poursuivra jusqu’à la Fête du Sacré-Coeur de Jésus le 27 juin 2025.
Durant la première apparition, Jésus manifeste son amour «passionné» pour les hommes et la soif immense que soit communiqué cet amour. Dans la seconde apparition, le Seigneur témoigne de la souffrance que son cœur ne reçoive en retour de son si grand amour qu’ingratitudes, froideurs et indifférences, en particulier envers le sacrement d’amour qu’est l’Eucharistie. «J’ai soif, mais d’une soif si ardente d’être aimé des hommes au Saint-Sacrement que cette soif me consume.» (Lettre 133) Enfin, Jésus invite Marguerite-Marie et nous invite à lui rendre amour pour amour : «Toi, du moins, aime-moi.»
Après avoir confessé que le Fils éternel était Dieu au Concile de Nicée, l’Église a affirmé au concile de Chalcédoine en 451 que Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme. Le Cœur de Jésus, le cœur de l’Enfant de la crèche, est un cœur humain qui aime comme un Dieu.
Nous pouvons ainsi poursuivre le texte du Credo : « Pour nous les hommes, et pour notre salut, il [Jésus- Christ] descendit du ciel ; par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme. »
Tel est le mystère de Noël. Dans un monde que certains qualifient de ‘post-vérité’, où ce qui considéré comme vrai n’est pas ce qui est authentiquement vrai, mais plutôt ce qui se dit, il importe que chaque chrétien, s’il veut être vraiment missionnaire, fortifie sa foi, éduque son intelligence, accueille pleinement la vérité sur les mystères de l’Incarnation et de la Rédemption. Le Christ n’est pas venu sur terre fonder une œuvre de bienfaisance, une ONG. Il est venu révéler le Père et témoigner de son amour. Le missionnaire poursuit son œuvre :
« Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, lui qui est Dieu, lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître. » (Jn 1,18)
Enfin, et c’est le troisième événement de cette année, selon une tradition datant de 1300, le Saint-Père a décrété comme tous les quarts de siècle une année jubilaire ordinaire. L’ouverture de la Porte Sainte de la Basilique Saint-Pierre a eu lieu hier soir, marquant le début du jubilé qui s’achèvera le 6 janvier 2026 par la fermeture de cette même porte. Le mot d’ordre de cette année est : «Pèlerins d’Espérance.»
Le temps du jubilé est un temps de remise de dettes, un temps de miséricorde et de pardon : pardonnons et demandons pardon. Approfondissons notre communion avec le Christ qui veut toujours renaître en nos âmes.
« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » (Jn 14,23)
Demeurons donc fermes dans la sainte espérance. Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous... et il veut habiter toujours parmi nous. Il est l’étoile de nos vies.
Saint et joyeux Noël. Sainte année jubilaire. Amen, Alléluia
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