En ces temps de désolation et face à un monde qui semble avoir définitivement perdu l'Esprit, se révèlent aux yeux de tous la vanité, l'impuissance, la violence et la folie des puissants. En ces temps de désespoir, les poètes peuvent encore indiquer la voie simple du recueillement de la beauté qui manifeste partout la bonté de Dieu, la voie qui s'ouvre à tout instant à chacun de nous de sauter hors du temps mortel pour se situer dans le synchronisme divin et naître dans la vraie Vie dont ils vivent depuis toujours en l'ayant oublié.
J'espère que ces deux textes, extraits Ad Imaginen Dei 1 L'oeuvre invisible, ouvrent quelque peu cette voie...
Pourtant la Beauté
La Beauté ne se définit pas, elle se rencontre en personne,
comme une reine, une amie, une sœur ou un ange.
La Beauté se manifeste
partout. On peut la voir dans une pâquerette, une éclipse solaire, un flocon de
neige, un massif de montagnes, une pomme, un ciel étoilé, les yeux d'un enfant,
un visage de femme, les mains d'un mourant, un miroitement sur une source, un
jaillissement dans l'âme...
La loi de la Beauté est toujours.
La Beauté est
toujours neuve, toujours venante, toujours donnée, toujours aimée...
La Beauté
conjugue au présent les verbes embellir, venir, donner, rayonner, rire,
maintenir, ouvrir, nourrir, jouer, aimer, caresser, jouir, soigner, pardonner,
être, vivre.
Elle dit j’embellis, je viens, je donne, je rayonne, je ris, je
maintiens, j'ouvre, je nourris, je joue, j'aime, je caresse, je jouis, je
soigne, je pardonne, je suis, je vis.
La Beauté t’appelle et te dit embellis,
viens, donne, rayonne, ris, maintiens, ouvre, nourris, joue, aime, caresse,
jouis, soigne, pardonne, sois, vis !
La Beauté dit je suis là et je suis là
depuis toujours, je suis là encore, je suis neuve, je te pardonne, je t’aime,
recommençons, viens !
La Beauté abolit le temps, elle dissout nos peurs de
passer, de trépasser.
La Beauté est le passage ouvert. La Beauté est la bonté,
l’amour et le pardon.
La Beauté est le visage du Dieu Vivant qui transparaît
dans le visage d’une maman qui étreint son enfant, ou celui d'un père qui
embrasse son fils perdu et retrouvé.
La Beauté c’est la joie de Dieu manifestée
partout.
L'Adoration des mages par Les frères Limbourg. XVe siècle. Berry |
Se signer dans l’Univers
Chaque époque a l’art qu’elle mérite comme
chaque homme ne voit que ce qu’il est capable de voir. Les civilisations sont
mortelles et les chefs-d’œuvre qu'elles nous lèguent le sont aussi. Les musées
se chargent de les ensevelir dans leurs fosses communes et leurs tombeaux
étiquetés. Les œuvres d’art ne vivent que par ceux qui les aiment, les
amateurs, les artistes, les poètes, tous des princes charmants capables de
rendre la vie aux apparences mortes, tous amants sincères dont les regards ont
les vertus du baiser. Pour ceux là, les œuvres d'art sont des
Belle-au-Bois-dormant qu’une étreinte suffit à ramener à la vie. Ces Beautés
ressuscitées ne regardent que ceux qui les regardent et leurs grâces
n'illuminent que les cœurs transparents, brisant les carapaces, travaillant les
cœurs en profondeur en les ensemençant.
Les vrais artistes, les Vinci, Durer,
Van Eyck, Cézanne, Monet, Van Gogh, Manet, Rodin, Kandinsky, Picasso, Miro,
Matisse, Klee, Morandi et mille autres moins connus, percevaient dans la plus
humble réalité un miracle, ils en recevaient une joie féconde. Si ils ont peint
des tableaux c’est pour nous, pour que nous percevions ces grâces à notre tour.
Pour l’artiste, l’art est recommencement perpétuel car il vient de la Vie, qui
est le Principe vivant en toute création. L’artiste est le vivant singulier qui
saute hors du temps pour se situer d’emblée dans le synchronisme divin, le
Présent Vivant. En Lui et par Lui, le Vivant, il entend et comprend sa propre
langue, sa voix, son regard, il renoue avec l'Universel dans le personnel, il
reçoit le Souffle premier, créateur de toutes choses, et, en le recueillant il
se recueille lui-même. Recueilli, il peut tout accueillir et connaître son Nom.
Le connaissant, il peut se signer dans l’univers et dire cette prière en
comprenant son sens inouï : Je suis au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit
! Ainsi il rend grâce et demeure avec Paul Klee et ses semblables «
insaisissables dans les rameaux de l’Être ». Et, pour toutes ces raisons, avec
eux, il rit beaucoup.
Textes : Robert Empain, 1986.
Extraits de Ad Imaginel Dei 1 L'oeuvre invisible est disponible sur Apple store
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Partagez un commentaire sur cette publication