Grâce à Annick de Souzenelle
Annick de Souzenelle est chrétienne orthodoxe. Elle a passé une bonne partie de sa vie à traduire le texte hébreu de la Genèse lettre à lettre, ce qui a donné deux gros volumes très savants des récits de la création, de la chute et de l’exil et de nombreux autres ouvrages consacrés aux développements qu’autorisent ses découvertes surprenantes.
Elle offre, selon ses termes, « une lecture chrétienne du texte hébreu de la Genèse » mais il s'agit d'une lecture absolument nouvelle et vivante qui corrige les nombreux et graves contresens des traductions historiques et rétablit la profondeur, la continuité et l'actualité de la Révélation, ouvrant des perspectives spirituelles inouïes dans de multiples orientations...
Sur son site, elle résume en une page très dense ce Mythe fondamental pour l’humanité. Une page que je me permets de publier ici. En outre, Annick de Souzenelle a ouvert à Angers L'Institut d'Anthropologie Spirituelle. Le programme des "sessions" est accessible sur son site ainsi que le bulletin d'inscription aux cours.
Prière d'Adam. 2005 |
"Dans la Genèse, écrit Annick de Souzenelle : la femelle n'est autre que les shamaïm (les cieux), alors appelée adamah dans la fonction matricielle du shem (le NOM) qu'elle porte. La adamah est mère (et mer) des profondeurs de tout être humain ; elle doit être cultivée - ce qui signifie qu'Adam doit faire oeuvre mâle en elle, en pénétrer chaque énergie, la nommer, la travailler, afin de construire l'Arbre de la Connaissance et de faire mûrir son fruit, le divin en l'Homme. Adam a pour vocation de se mettre au monde ; dans ce sens, il a vocation de maternité. L'Adam du Sixième Jour, encore confondu avec sa Adamah, baigne dans les eaux de l'inconscience ; les énergies de celles-ci, douées d'une vie autonome, jouent à la place de l'Homme et il ne le sait pas ! Ceci décrit la situation actuelle d'exil dans laquelle l'Homme est maintenu parce qu'il se détourne de lui-même et de Dieu. L'Adam du Sixième Jour (et celui de l'exil) est incapable de travailler sa Adamah. " Il n'y a pas d'Homme pour cultiver la terre [Adamah] ", dit le texte du Septième Jour. Nos traducteurs exilés ont déduit de ce verset de la Genèse l'inexistence de l'Homme, qui venait cependant d'être créé au Sixième Jour ; ils en ont conclu que ce deuxième chapitre de la Genèse constituait une autre Genèse, étrangère à la première ; et la critique historique d'aller bon train ! Or, ce deuxième chapitre de la Genèse décrit un jour où " Elohim se retire [shabbat] " pour que croisse YHWH, comme un père le fait devant un fils qui commence à affirmer son identité, car YHWH, JE SUIS, est l'identité réelle d'Adam, par laquelle il peut devenir conscient de lui-même. En ce Septième Jour, un processus de différenciation s'accomplit entre Adam et sa Adamah ; l'Homme entre en résonance avec son noyau divin fondateur, il sort de son être collectif pour devenir sa personne et faire croître son arbre. Elohim dit : " l'Homme coupé de lui-même ne peut s'accomplir " (verset généralement traduit par : " il n'est pas bon que l'homme soit seul "). Elohim initie alors Adam à faire oeuvre mâle en lui-même, à nommer les animaux (énergies) de sa Adamah pour transmuter leur peau (ténèbres) en lumière (jeux de mots hébreux intraduisibles): Elohim fait " communiquer " Adam avec lui-même dans des " face-à-face " incontournables pour son accomplissement. Adam cherche le face-à-face total ; il est alors " endormi " d'un sommeil qui est en réalité un éveil, au coeur duquel Dieu lui montre la totalité de son autre côté. Cet " autre côté " n'a jamais été une côte : il est le côté " inaccompli ", donc encore voilé, de l'Arbre de la Connaissance qu'est Adam dans sa totalité ; il est " dressé " par Dieu, devant cet Adam, en " épouse ", Ishah, dont Adam est l'époux ; Ish. Ishah est l'autre nom des shamaïm, les cieux, appelés Adamah en tant que mère des profondeurs et maintenant Ishah, " épouse " d'Adam.
Lorsque Adam découvre son épouse et l'enfant divin qu'elle porte, il vit une extase et s'écrie : " Voici celle qui est os de mes os et chair de ma chair " ce qui en hébreu signifie : " Voici celle qui est la substance de ma substance [qui se tient cachée sous les apparences] et l'Image divine que je suis ". Car la " chair ", basar, " scellée dans les profondeurs de cet autre côté " est l'Image divine fondatrice, constituée de bar, le " Fils " (le shem) et d'une présence secrète symbolisée par la lettre médiane de ce mot, le shin, première lettre du mot shem, le NOM, dont l'idéogramme primitif (flèche retenue au bout d'un arc tendu à l'extrême) exprime " l'esprit " qui est en l'Homme.
L'esprit est puissance de l'éros qui (départ de la flèche) rend capable l'accomplissement du Fils (le logos grec). La puissance de l'éros est, dans le principe, celle du désir infini de l'Homme pour son Dieu, qui ne peut se traduire dans un premier temps que par ses épousailles avec Ishah ; elle est une pulsion de vie informationnelle car elle transforme les énergies potentielles de Adamah en informations - le conscient - ; elle fait croître la sève de l'Arbre de Connaissance dont Adam va devenir le fruit : le Fils - JE SUIS - totalement accompli.
Ce Grand Oeuvre est possible, puisque maintenant " Adam et son Ishah sont deux ; ils connaissent le chemin qu'ils ont à faire ; ils ne sont plus confondus " ; ce verset, à un premier niveau de lecture est traduit par : " ils étaient tous les deux nus et ils n'en avaient pas honte ". C'est à cette hauteur du mythe qu'intervient, au milieu de tous les animaux (les énergies) intérieurs d'Adam," le serpent, le plus rusé de toutes les énergies ". Ici, la racine du mot hébreu arom " rusé ", est aussi celle du mot qui vient de qualifier Adam et son Ishah et que l'on a traduit par " nu " au verset précédent.
Le serpent doué de savoir et de savoir-faire est une émanation du Satan, l'Adversaire ; il va tenter de déstabiliser Adam en s'adressant à son épouse Ishah. Ishah prend le fruit de l'Arbre de la Connaissance que lui tend le serpent-Satan ; elle le donne à son époux qui le mange. Adam entre alors dans l'illusion totale d'être devenu JE SUIS ; ce " je " illusoire est l'ego du monde de l'exil, qui se trouve alors en relation avec l'extérieur des choses et d'Adam lui-même, mais coupé de l'intérieur, coupé d'Ishah dont il croit qu'elle est devenue sa totale lumière. Réduit à l'état animal du Sixième Jour, Adam n'est plus que l'homme devant la femme alors seulement appelée Eve. Eve devient mère biologique dans le monde extérieur alors que c'était à lui Adam, de devenir mère ontologique, mère du Fils intérieur, JE SUIS.
© Annick de Souzenelle
Illustration : Prière d'Adam. Huile sur toile, 150 x 200 cm. Robert Empain, 2005.
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