Grâce à toi Seigneur Jésus
La Semaine Sainte 2022 commence et nous conduira dimanche prochain de la Passion de Jésus à la Fête de Pâques où nous célébrerons la Résurrection du Christ, c'est-à-dire la victoire définitive de la Vie sur la mort, celle de la Lumière sur les Ténèbres, celle de l'Amour sur la haine. Au cours de ce passage crucial pour notre humanité en détresse, je publierai sur ce blog quelques textes sur la Révélation de Dieu Amour qui se fait homme pour que tous les hommes soient faits Dieu, pour que tous ceux qui croiront en Lui se connaissent comme les fils et filles ressuscités par le Fils et l'Esprit dans la Vie éternelle du Père. J'évoquerai pour commencer une exposition du groupe Grâce qui eut lieu à l'église des Minimes de Bruxelles en automne 2009. Cette exposition, intitulée Face de Dieu Face de l'homme, prolongeait l'exposition Vivre d'Amour, dédiée à Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face, qui fut présentée durant l’été 2009 par quelques artistes du groupe Grâce*. Pour ma part, je présentais dans le baptistère une oeuvre nouvelle, une méditation adressée au Christ Jésus sur la vénération de sa Sainte Face, une Image sainte particulièrement vénérée par sainte Thérèse de Lisieux qui avait joint à son nom de carmélite ceux de l’Enfant Jésus et de la Sainte-Face.
La face perdue de l’homme
Nos regards tournés vers le monde, rivés à nos écrans, égarés dans nos calculs, noyés dans nos miroirs, accrochés à nos objets, obsédés par notre apparence ou épris de notre image, angoissés par la perte de nos pouvoirs etc, nous les hommes, nous nous sommes perdus en perdant la face, notre face tournée vers le Ciel et créée à l’image de Dieu. Nous ne savons plus qui nous sommes ni à qui et à quoi nous identifier, et nous persistons à chercher au dehors une identité, une origine, une vie qui se trouvent au dedans de nous. Avides de renommée, nous avons oublié notre Nom inscrit au fond de nous avant la création du monde. Incapables de nous donner la vie à nous-mêmes, nous cherchons à nous en approprier les formules et nous la singeons dans nos machines inhumaines. Coupés de notre intériorité vivante nous n’entendons plus la Parole de l’Esprit dans nos coeurs. Imbus de nos pouvoirs que nous recevons pourtant de la Vie, nous les utilisons à nous détruire et nous ne ressentons plus en nous la Parole de la Vie nous étreindre, nous aimer et souffrir de notre souffrance, de notre cruauté et de notre entêtement à la nier. De la Terre nous faisons un enfer et du Ciel et du Dieu Vivant un au-delà abstrait, irréel, illusoire. Insensés que nous sommes, pour des semblants nous avons perdus la Ressemblance.
Vues de mon installation Face de Dieu Face de l'Homme. 2009. monotypes sur papier de visages du Christ, , dans le baptistère de l'église des Minimes à Bruxelles |
La Face révélée de Dieu
Si nous désirons retrouver notre Face divine, il nous faut suivre le Christ et faire comme les saintes et les saints qui l'ont suivi sur la voie du renoncement, de l'abandon, de la charité et du don de soi. En un mot, la voie de l’Amour !
Vivre d’Amour était la devise de sainte Thérèse, sa prière, sa petite voie déconcertante de simplicité et de franchise, par laquelle elle commençait à rendre grâce à Dieu de lui avoir donné la vie, lui avouant ensuite franchement son incapacité d'aimer comme il nous le commandait, lui demandant alors tout simplement de lui donner d'aimer comme il lui avait donné de vivre.
Personne, semble-t'il, avant Thérèse n'avait pensé à une voie si pure et si simple, à cette voie enfantine qui surpasse en franchise et en simplicité la voie des théologiens et des saints. Nous le comprenons aisément : par cette voie pure et simple nous redevenons purement et simplement Enfants de Dieu et nous mettons en pratique cette Parole du Christ : «... sans moi, vous ne pouvez rien faire. » Nous nous abandonnons à son Amour, nous nous éveillons en Dieu, nous renaissons à nous-mêmes pour que se dévoile notre face divine, notre face invisible et cachée aux yeux du monde mais resplendissante en notre coeur comme aux yeux de Dieu.
Des larmes de souffrance coulent alors sur notre face et se changent en larmes de joie, la joie de notre ressuscitation. Au coeur de nous-mêmes la Lumière de Celui qui jamais ne nous avait oublié, la lumière du Vivant Amour, jaillit !
Pour nous guider dans notre cheminement vers Lui, la Vie et la Vérité, le Seigneur laissa une image de lui, un témoignage de son incarnation et de sa venue incessante en nous. Cette Image est une simple trace, l'empreinte de son visage sanglant sur un tissu, sur un linge que lui tendit une femme prise de compassion pour lui alors qu’il montait au Golgotha. Cette Image sainte du Christ fut appelée vera icona et Sainte Face car elle montre l'Image du visage de Dieu fait Homme. Cette empreinte du visage de Jésus Christ est l'unique image que nous ayons de lui. Elle constitue la première icône de l’art chrétien, dont la vocation est de témoigner de l'Incarnation, et l’image source de tout visage humain. Cette trace fut restituée sur le tissu d'origine suite à un prodige qui fit apparaître clairement la Face du Christ à la vue des fidèles sur ce voile, dit de Véronique, qui est conservé et vénéré à Rome.
Si nous regardons cette Image de la Sainte Face, si avec l'homme souffrant qui est imprégné nous fermons les yeux et entrons en nous-mêmes, nous éprouvons une compassion ineffable semblable à celle qu'exprime le visage de cet homme. Si nous regardons ce visage pour y reconnaître celui d’un être aimé, celui de notre père, de notre mère, de notre frère, de notre ami, de notre épouse, de notre enfant, celui de l’étranger, celui du torturé, celui du mourant, celui enfin de tout homme semblable à nous, alors c’est la Face de tout Homme fait à l'Image de Dieu qui nous regarde, c'est le Fils de l'Homme, le Fils de Dieu, le Vivant en personne qui soufre en chacun et en tous, que nous devenons, c’est la Vie même qui s’éprouve en nous et nous dévoile le visage de celui qui souffre en tous, qui aime avec nous à cet instant même et qui avec nous se réjouit qu'enfin nous connaissions son Amour et sa compassion.
Ainsi, par la grâce de l’Amour de Dieu qui vit en nous, par la médiation de l'icône du Fils souffrant, nous nous rejoignons, nous entrons au coeur de nous-mêmes, là où, hors du monde, nous entendons et comprenons les Paroles que nous dit le Christ vivant, notre ami, notre frère : « Le Royaume de Dieu est au dedans de vous » Jean 17,36. Et « Je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde.» Matthieu 28.20? Ou encore : « Père Saint, garde en ton Nom ceux que tu m'as donnés, afin qu'ils soient un comme nous » Jean 17,11. Et « Je vous le dis en vérité, tout que vous faites à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous le faites. » Matthieu 25,40. Et « Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement; et le pain que je donnerai, c'est ma chair, que je donnerai pour la vie du monde.» Jean 6,51.
* Saskia Weyts, Marc Carniel, Bernard Hubot, Chalotte Dunker.
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