mardi 12 avril 2022

Quel Dieu adorons-nous ? Quel est notre maître ?

 Grâce au Père Dom Jean PATEAU 



DIMANCHE DES RAMEAUX 



Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU Abbé de Notre-Dame de Fontgombault 


(Fontgombault, le 10 avril 2022) 





Entrée du Christ  à Jérusalem. Pietro Lorenzetti. Assise.




Chers Frères et Soeurs, 

Mes très chers Fils, 


Nous voici confrontés à nouveau aux mystères du coeur humain, capable tantôt d’adorer Dieu en proclamant sa royauté, tantôt de le mépriser au point d’obtenir sa mort. 


Au premier dimanche de Carême, nous avons entendu le diable présenter au Seigneur tous les royaumes du monde et  leur gloire : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes  pieds, tu te prosternes devant moi. » (Mt 4,9) Et Jésus répondit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : C’est le Seigneur ton Dieu que  tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte. » (Mt 4,10) 


Le deuxième dimanche, nous avons été témoins de la Transfiguration. La voix du Père a retenti « Celui-ci est mon Fils  bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! » (Mt 17,5) 


Nous avons rejoint au troisième dimanche la foule en admiration devant le Seigneur qui venait d’expulser un démon. Une  femme s’exclame : « Heureuse la mère qui t’a porté en elle, et dont les seins t’ont nourri ! » (Lc 11,27) Jésus répond : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ! »  (Lc 11,28) 


Au quatrième dimanche de Carême, l’admiration de la foule  est telle qu’elle forme le projet d’enlever le Seigneur pour le faire roi. Sachant cela, Jésus se retire seul. (cf. Jn 6,1-15) 


Dimanche dernier, la controverse avec les Juifs portait sur la  gloire que le Seigneur semblait s’attribuer. Jésus avoue : « Si je  me glorifie moi-même, ma gloire n’est rien ; c’est mon Père qui  me glorifie. » (Jn 8,54) 


Le souvenir de la première Pâque du Seigneur rapportée par saint Jean peu après le miracle de Cana, revient à l’esprit. Beaucoup  alors avaient cru à la vue des signes que Jésus accomplissait.  Pourtant, « Jésus, lui, ne se fiait pas à eux... Lui-même, en  effet, connaissait ce qu’il y a dans l’homme. » (Jn 2,24-25) 


Entrant dans cette sainte semaine, la question se pose de  savoir ce qu’il y a dans notre propre coeur. L’illusion peut embrumer notre discernement ; mais nos actes, fils de nos vies, et l’atmosphère intérieure dans laquelle nous évoluons, révèlent souvent le secret profond des coeurs. 


Quel Dieu adorons-nous ? Celui qui offre la gloire si consolante aux yeux des hommes, ou celui qui se plaît dans un coeur humble, doux, généreux et sans murmure ? Quel est donc notre maître ? Sommes-nous de ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent, la mettant en pratique ? 


Probablement aurions-nous fait partie de la foule qui, ce matin, porte des rameaux d’olivier et scande « Hosanna au fils de David ! » (Mt 21, 9) 


Serions-nous aussi au rendez-vous du pied de la Croix ? 




Christ outragé. 1999


A l’école de Marie, préparons nos coeurs à recevoir l’abondance de la grâce pascale. Renonçant à la gloire aux yeux des hommes, vivons en cohérence avec notre foi, disciples du Christ dans l’obscur, redoutable et souvent contraire quotidien ; ce quotidien qui a mené le Christ au Calvaire et qui se fait pourvoyeur de nos propres croix. Mourant avec le Christ au quotidien, nous ressusciterons un jour avec lui dans la gloire. 



Sainte Semaine, Amen.



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