vendredi 16 juin 2017

Without a woman or a girl, he's lost in the wilderness


 Grâce à toi James Brown

 La chanson de James Brown This is a man's world, créée en 1966, est devenue l'une des plus belles chansons de tous les temps. Elle était la chanson préférée de mon frère Michel qui avait vingt ans cette année là et qui devait mourir tragiquement trois années plus tard dans un accident de train le 25 mars 1969. Michel était un enfant très intelligent, très sensible et très fragile depuis sa naissance difficile une nuit glaciale de 1946 et un accident de balançoire qui le frappa à la tête et le laissa pour mort sur l'herbe d'une guinguette à l'âge de trois ans. Il revint à la vie et à la santé grâce à ce que nos parents ont considéré comme une intercession de Notre-Dame des Sept Douleurs qu'ils avaient ardemment priée pour sa guérison. Cette chanson, Michel l'écoutait en boucle sur son petit pick-up. Il me la fit écouter religieusement en murmurant ses paroles qu'il connaissait par coeur et qui exprimaient pour lui  la vérité de ce monde d'hommes où les femmes et les enfants comme lui, doux et fragiles, sont dominés par les forts, les brutaux, les mâles dominants qui s'imaginent ainsi stupidement être davantage hommes que les autres...
         




This is a man's world, this is a man's world

But it wouldn't be nothing, nothing without a woman or a girl

You see, man made the cars to take us over the road

Man made the train to carry the heavy load


Man made electric light to take us out of the dark


Man made the boat for the water, like Noah made the ark

This is a man's, man's, man's world

But it wouldn't be nothing, nothing without a woman or a girl

Man thinks about our little bitty baby girls and our baby boys

Man made them happy, 'cause man made them toys


And after man make everything, everything he can


You know that man makes money, to buy from other man

This is a man's world

But it wouldn't be nothing, nothing, not one little thing, 


without a woman or a girl

He's lost in the wilderness


He's lost in bitterness, he's lost lost




mardi 6 juin 2017

Une âme en voyage...


Grâce à Dominique Lebel

 Ecrivaine, chroniqueuse littéraire, dessinatrice, Dominque Lebel a été la seconde personne à lire mon livre après que la première, Thierry Berlanda, le lui ait fait suivre... Peu de jours après, elle publia sur son blog (1) cette chronique étonnante, inattendue, personnelle, spontanée, originale, enjouée, libre, attentive et vivante à l'image de son auteure, c'est-à-dire unique en son genre ! Ce texte alors avec les quelques autres tout aussi personnels que mes lecteurs ont écrits sur
Ad imaginem dei 1 L'oeuvre invisible, m'ont confirmé que les oeuvres d'art n'ont d'autre but que de nous faire nous émerveiller du mystère qui nous fait vivants à l'image du Vivant tout en faisant pourtant de chacun de nous une personne unique et irremplaçable à l'Image de son Amour.      

 


« L’œuvre ne devient oeuvre qu’en oeuvrant en nous, par nous, là où elle s’accomplit et nous transfigure, nous rendant capable de ressembler à Dieu » Voilà, vous avez compris le titre. Ce livre est né des carnets d’un artiste, griffonnés pendant plusieurs années. Et c’est un livre magnifique.

Je vous invite à suivre ma visite, parce que tout s’est passé pour moi exactement ainsi.

J’ai suivi le guide – bon, par moments je ne l’ai plus écouté mais j’ai toujours été comme ça, incapable de trop de suite dans les idées. Je n’ai jamais suivi une visite  en entier, un rien me distrait. Mais là, j’avais un guide très particulier –vous vous souvenez des piles Duracel et des petits lapins qui tapaient sur un tambour, à la télé ? C’est lui. Et ce n’est pas lui, parce qu’il est aussi peintre. Et il a une prose extraordinaire, donc il est aussi écrivain - ou poète, vous choisirez.

Je l’ai suivi à Venise, à Florence, à Ostende, à Manhattan, à Aix en Provence, dans les musées. Je suis partie en avion vers Rome avec lui et nous avons regardé les sommets enneigés des Alpes et il m’a dit regardez bien par le hublot, on dirait d’énormes reptiles pétrifiés.  Il m’a montré une chapelle peinte par Giotto, m’a entraînée dans les turbulences des couleurs et m’a dit vous voyez, là c’est un miracle. Il m’a montré les femmes nues de Picasso et m’a dit aussi ce que vous voyez là, ce sont des équations féminines non résolues, comme des bateaux en réparation. Il m’a montré les peintures si lisses de Dali et m’a dit sur ces tableaux-là, le peintre a envie de rire, il plonge dans les apparences pour les détruire, ça l’amuse. Il m’a emmenée vers le sourire du Kouros grec, qui n’a pas trop envie de sourire parce qu’il n’est qu’un homme de pierre et qu’il lui manque la vie,  et  il m’a montré aussi le drame dans le ciel, entre la lumière et l’ombre. Et puis j’ai vu au passage quelques femmes, et un couple extraordinaire et un directeur d’agence publicitaire –un peu de sa vie. Il m’a montré des phrases, « je ne cherche pas, je trouve » et celle-là, que je voudrais ne jamais oublier: « La vie est si simple en été ».

Et puis il m’a raconté une histoire, qui est l’histoire de l’art, la vraie – c’est l’histoire d’un œil, parce qu’à partir de la Renaissance les peintres n’ont plus eu qu’un œil, un œil de verre qui les empêchait de voir. Ensuite ils ont retrouvé leurs deux yeux parce qu’ils ont commencé à piéger cet œil qui ne voyait rien d’autre que la surface des choses, mais ce n’était pas assez. Il a fallu que l’un des deux yeux regarde à droite et l’autre à gauche et le troisième œil est né, avec Picasso. Cet œil-là voit ce qu’il y a à l’intérieur. A l’intérieur de l’écran.

Mon guide m’a montré aussi ce qu’il était capable de faire, et je l’ai vu tracer un trait, le trait magique qui réconcilie le dedans et le dehors, vous savez, ce trait qui brise les vitres. Je l’ai vu aussi fabriquer du blanc, son blanc qu’il appelle le blanc camembert et ça m’a fait rire, de la part d’un publicitaire.

Alors je dois le remercier – il faut toujours remercier le guide. Pas pour la visite de Venise, je trouve les Vierges à l’enfant espagnoles tellement plus belles et émouvantes que les italiennes. Pas non plus pour la visite de Florence, parce que je suis un peu comme Nina, moi aussi j’ai été happée par les vitrines des boutiques qui sont fabuleuses là-bas. Non, je voudrais le remercier pour m’avoir cité cette phrase sublime de Fra Angelico, à laquelle je vais m’accrocher à partir d’aujourd’hui (une phrase pareille je vais vous dire, je ne vais pas la lâcher) : « L’obscurité du monde n’est qu’une ombre ».

Et au moment de quitter mon guide, je l’ai bien regardé et j’ai repensé à cette parole de Picasso, qu’il m’avait répétée : « à quatorze ans je dessinais comme Raphaël, il m’aura fallu avoir quatre-vingts ans pour dessiner comme un enfant ».

Et parce que j’espère très sincèrement que vous irez vous plonger vous aussi dans ce livre, je dois vous prévenir : il n’y a pas de plan de visite. Et n’en demandez pas au guide, il ne vous en donnera pas. Parce qu’il suit le plan originel, comme dans les salles des fac-similés égyptiens, il vous expliquera. Tous ces chapitres sont autant de fragments projetés sur un livre abstrait – abstrait au sens propre, c’est à dire détaché du monde des apparences

C’est le livre d’une âme, si vous voulez tout savoir, mais d’une âme qui prend l’avion avec son patron pour aller demander de l’argent aux Américains, une âme qui s’enchante d’un beau paysage, une âme qui se fâche parce que le monde l’énerve, une âme qui tombe malade et qui rêve aussi.

Qui rêve d’un art théophanique – auquel vous croirez ou pas, en tout cas, je vous promets une sacrée visite.

Ad imaginem Dei 1 L'oeuvre invisible, de Robert Empain est disponible sur iTunes et Amazon 

(1) Dominique Lebel Le coin de Carmen