vendredi 15 août 2014

Magnificat anima mea Dominum


Grâce à toi Marie Mère de Dieu





Magnificat anima mea Dominum,
et exsultavit spiritus meus in Deo salutari meo.

Quia respexit humilitatem ancillae suae.
Ecce enim ex hoc beatam me dicent omnes generationes.

Quia fecit mihi magna qui potens est.
Et sanctum nomen ejus.

Et misericordia ejus a progenie in progenies timentibus eum.
Fecit potentiam in brachio suo.

Dispersit superbos mente cordis sui.
Deposuit potentes de sede, et exaltavit humiles.

Esurientes implevit bonis, et divites dimisit inanes.
Suscepit Israël puerum suum, recordatus misericordiae suae

Sicut locutus est ad patres nostros, Abraham et semini ejus in saecula.



Mon âme exalte le Seigneur,
et mon esprit a exulté en Dieu, mon Sauveur.

Car il a jeté les yeux sur l'humilité de sa servante,
Et voici que désormais on me dira bienheureuse de génération en génération.

Car il fit pour moi de grandes choses, celui qui est puissant,
Et saint est son nom.

Et son pardon s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent.
Il a placé la puissance dans son bras,

Il a dispersé ceux dont le cœur était orgueilleux.
Il a renversé les puissants de leurs trônes et élevé les humbles.

Il a comblé de biens les affamés, et renvoyé les riches les mains vides.
Il a secouru Israël, son enfant, il s'est souvenu du pardon qu'il avait promis

Ainsi avait-il parlé à nos pères, à Abraham et à sa descendance, pour les siècles.




Catarino Couronnement de la Vierge. 1375. Académia. Venise




Vidéo : Johann Sebastian Bach (1685-1750) Magnificat in D major BWV 243

vendredi 8 août 2014

Le Peintre immortel


Grâce à toi El Greco


 De retour de Tolède, je suis tout imprégné de la splendeur quasi intacte de cette ville et de ses chefs d'oeuvre. A l'atelier, je me suis replongé dans la vie de son Prince, le peintre El Greco, dont les oeuvres rayonnent encore dans les temples, les couvents et les boutiques de cette ville comme le soleil dans les ténèbres du tourisme de masse. El Greco, le crétois, l'éternel étranger en ce monde, est devenu le peintre espagnol le plus authentique et le plus étrange parmi les peintres espagnols étranges et authentiques. De son vrai nom Dominico Théotocopoulos, il a d'emblée marqué mes premiers pas en peinture et m'a ouvert la voie à suivre, comme il l'avait ouverte en leur temps à ses frères Cézanne, Picasso, Gris, Miro, Dali & Cie. Picasso a dit un jour qu'il n’y avait depuis l'origine qu'un seul peintre, toujours le même, un peintre immortel qui se réincarnait en tous et en chacun des peintres au fil des temps. 



Lit et deux tables de nuits attaquant férocement le Ciel - Salvador Dali. 1983


Dans ce tableau de Dali au titre révélateur, par exemple, ce Peintre premier, après s'être incarné en El Greco au dix-septième siècle, a pris les pinceaux de Salvador Dali pour s'amuser un peu au vingtième siècle. 
En vérité, ce peintre originel n'est autre que le Créateur en Personne, qui peint la vie et ses nuances infinies dans nos âmes avec de la lumière, des couleurs et des formes, des rapports et des rythmes, toutes choses vivantes invisibles au dehors, et qui sont des modulations de l'âme même et des possibilités de l’Imagination créatrice dont elle jouit et qui demeurent encore inimaginées par le commun des vivants.


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Résurrection - Dominico Théotocopoulos dit El Greco 1603 -
Madrid. Musée du Prado




Si les peintres et les artistes véritables se sentent poussés par la Vie à créer des oeuvres avec une audace créatrice sidérante c'est pour nous donner à entrevoir la liberté et les possibilités infinies de l'Imagination créatrice que nous recevons avec la vie. 

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Le Christ spolié - Dominico Théotocopoulos dit El Greco 1579
Tolède. Cathédrale 



Mais du mal, du monstrueux et de l’abominable sidérants, nous sommes tout autant capables, car nous sommes libres d'en imaginer à notre guise en usant librement de notre imagination créatrice ; et cet abominable imaginable nous le voyons s’étendre et se réaliser en ce monde au point que nous l'imaginons sans peine envahir toute la Terre créée pour nous détruire totalement avec elle. Et cela arrivera si nous persévèrerons à nous imaginer seigneurs et maîtres de nos dons et nos facultés merveilleuses, si nous nous entêtons à ne pas vouloir comprendre que ces dons, ces facultés et toute cette liberté, sont des grâces données avec la vie pour la Vie en vue de l'Amour et non pour la domination, la haine et la mort. 

C'est pourquoi nous ne cessons ici de rendre grâce aux artistes dont les oeuvres et les actes témoignent de leur gratitude à l'égard du Créateur premier, le Vivant en Personne, qui leur a fait ces dons non pas pour eux seuls mais pour les accroître dans des oeuvres qui les justifient et qui participent à l'oeuvre inimaginable de beauté que la Vie cherche à accomplir en eux, en nous, avec nous, pour nous.

C'est pourquoi aussi nous ne cesserons ici de lancer des appels aux ingrats, aux malfaisants, qui par légions détournent ces dons et ces grâces à leur seul profit, méprisant et reniant ainsi la Vie. Ceux là ne peuvent ignorer qu'ils se retranchent eux-mêmes de l’oeuvre d'amour à laquelle le Vivant Créateur leur offre de se joindre, préférant créer librement l’Enfer où ils vivront indéfiniment, un Enfer où ils en viendront, dans leur folie, à demander la mort à la Vie, une mort qu'ils ne pourront obtenir d'Elle, car la Vie ne peut que se donner et non se reprendre. 

Illustrations : photographies d'oeuvres de Dali et El Greco
Texte : Robert Empain, carnet 2014