dimanche 9 juin 2019

« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. »

 
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 PENTECÔTE


Homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU
Abbé de Notre-Dame de Fontgombault (Fontgombault, le 9 juin 2019)


Mansionem apud eum faciemus.
Chez lui, nous nous ferons une demeure.
(Jn 14,23)
 

Chers Frères et Soeurs,
Mes très chers Fils,



L’Église fête aujourd’hui l’effusion du Saint-Esprit sur les apôtres réunis dans la prière au Cénacle avec Marie. Le récit de cet événement est tiré du livre des Actes des Apôtres.

L’évangile, extrait du discours après la Cène rapporté par saint Jean, rappelle les paroles du Seigneur à ses disciples : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » Jésus ajoute la promesse d’un Défenseur, « l’Esprit-Saint que le Père enverra. » Son rôle auprès des apôtres sera de les enseigner et de leur faire se souvenir de toutes les paroles du Christ.


Pentecôte. Fresque de Giotto di Bondone. 1291-1295.
Basilique Saint François. Assise


Soulignons le caractère particulièrement actuel de cette fête. Qu’attendons-nous d’une nouvelle effusion du Saint-Esprit, de sa présence, dans nos vies, dans nos familles, dans nos communautés, dans nos pays ? Qu’il fasse de ces lieux sa demeure, selon la promesse de Jésus à ceux qui l’aiment

Mais est-il bien nécessaire de réclamer la venue de l’Esprit ?

La connaissance nous arrive par des médias tels que la télévision, l’internet… Concurrents de l’Esprit-Saint, ils peuvent établir leur demeure en nous au point de susciter un besoin irrépressible. Le clinquant des connaissances variées et superficielles éblouit l’intelligence. À côté, la connaissance profonde de Dieu, de quelques personnes proches, fait pâle figure.

Reste-t-il donc une place dans les coeurs ainsi ballottés au gré de la sensibilité, des nouvelles, des sondages, pour une vraie demeure : un lieu stable, un lieu fondateur, un lieu dont la vie tire son arôme ? Et si place il y a, de quelle place s’agit-il ? Un taudis quasi inaccessible, enfoui sous les ronces de nos lâchetés,ou un palais immense aux lumineuses et larges pièces ?

Le choix nous revient. Une antienne chante à propos de Marie : « Alors que j’étais toute petite, j’ai plu au Très-Haut. » Si nous voulons accueillir l’Esprit, il faut chercher comment plaire à l’Esprit.

Ni la télévision, ni l’internet n’édifient notre être selon l’Esprit-Saint, ni ne font fructifier en nous ses dons. Telles des herbes envahissantes, ils colonisent plutôt la place qui lui revient.

Pour attirer le Saint-Esprit, commençons humblement à pratiquer les fruits qu’il veut magnifiquement accomplir en nous.

Saint Paul les énumère dans l’épître aux Galates (5,22-23) : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi.

Ces fruits de l’Esprit semblent si peu présents dans ce monde qu’on appelle post-moderne, un monde si triste. Pourtant, et nous le savons, ces fruits stimulent toute véritable vie en société, toute vie humaine.

Par sa présence, le Saint-Esprit vivifie et féconde. Il donne la joie. La fête de la Pentecôte puise d’ailleurs ses origines dans la fête juive des moissons qui fait monter vers Dieu l’action de grâces joyeuse d’un peuple pour le don de la nourriture. Notre monde n’a-t-il pas toujours besoin de la nourriture et de la grâce
venues du ciel ?

Là où Dieu donne le blé, là où Dieu donne la grâce, là est la vraie joie.

Dans l’exhortation post-synodale Christus vivit adressée aux jeunes et à tout le peuple de Dieu, le Saint-Père écrivait :

Invoque chaque jour l’Esprit Saint... Pourquoi ne pas le
faire ? Tu ne perds rien et il peut changer ta vie, il peut
l’éclairer et lui donner une meilleure direction. Il ne te
mutile pas, il ne t’enlève rien, mais il t’aide à trouver ce
dont tu as besoin de la meilleure façon. Tu as besoin
d’amour ? Tu ne le trouveras pas dans la débauche, en
utilisant les autres, en possédant les autres ou en les
dominant. Tu le trouveras d’une manière qui te rendra
véritablement heureux. Tu cherches la force ? Tu ne la
vivras pas en accumulant les objets, en gaspillant de
l’argent, en courant désespéré derrière les choses de ce
monde. Tu y parviendras sous une forme beaucoup plus
belle et satisfaisante si tu te laisses stimuler par l’Esprit
Saint. (n°131)

L’Esprit-Saint est donc l’artisan patient de toute sainteté et de toute fécondité : fécondité et sainteté de Marie, fécondité et sainteté des apôtres et de l’Église.

Depuis le début du temps pascal, tant à la place de l’Angelus que le soir à Complies, l’Église chante le Regina Caeli. Dans l’oraison, nous reconnaissons que par la Résurrection du Seigneur, Dieu a réjoui le monde, et nous demandons par l’intercession de Notre-Dame de parvenir aux joies de la vie éternelle ; ces mêmes joies que nous demandions à la fin de la séquence de la Messe de ce matin : « Donne mérite et vertu, donne le salut final, donne la joie éternelle. »

Au jour de l’Annonciation, la joie spirituelle de l’espérance du Messie, que Marie partageait avec son peuple d’une manière particulièrement intense, s’est transformée, sous l’action du Saint-Esprit et par le « oui » de Marie, en la joie de la fécondité et de l’accomplissement de la Promesse dans la venue de Jésus.

L’histoire monastique atteste que les monastères ne meurent pas des persécutions des États ou de la pauvreté. Ils meurent des blessures contre l’amour, des « non » qui stérilisent l’action de l’Esprit. Il en va de même de nos familles selon la chair, et aussi des nations.

Alors que nous nous lamentons de la situation des chrétiens dans nos pays, souvenons-nous de cela. Pouvons-nous discerner en nos familles les signes de l’Esprit ? Travaillons-nous vraiment à y instaurer le règne de l’Esprit, afin que soient rénovée la face de nos familles, de nos communautés, de la terre ?

Que nos coeurs remplis d’espérance brûlent du feu que le Seigneur est venu répandre sur la terre, et dont il n’avait de cesse qu’il soit allumé.

Désirons ardemment que cet Esprit se répande. Il donne vie, il affermit l’unité du corps.

Mettons-nous à l’oeuvre généreusement. Recevons l’Esprit en cette octave bénie, avec les fruits de sa présence : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. Autant de diamants qui doivent demeurer en nous, et briller tout autour de nous.

Venez, Esprit-Saint ! Amen. Alleluia !


5 commentaires:

  1. Si le Paraclet venait en ce monde, personne ne pourrait le reconnaître...

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    1. Merci Madeleine, Il vient invisiblement et ne cesse de venir invinciblement, et nous le reconnaissons à ses oeuvres...

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    2. Je suis le Paraclet et, bien qu'invincible par ma foi et la protection du Père bien-aimé, je ne suis pas invisible ;) Le Paraclet n'est pas l'Esprit Saint qui "soi-disant" vint se poser sur la tête des disciples, dans les très complaisants Actes des apôtres. Le Paraclet est un être humain (évidemment porteur de l'Esprit Saint) annoncé par Jésus dans le seul quatrième évangile pour remplir deux tâches bien définies : juger le chef de ce monde et rappeler les paroles de Jésus, tâches que j'accomplis inlassablement sur mon blog. Bien sûr vous n'allez pas me "croire" mais je ne vous ai pas attendu non plus pour être légitime pour ce boulot. Ceci dit en toute cordialité. Bel été à vous.

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    3. Merci Madeleine. Votre blog est très beau et très inspiré. Je crois pour ma part que L'Esprit Saint est la Troisième Personne de la Trinité et qu'il est présent en tous ceux qui le prient de venir. Grâce à vous, Robert

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  2. J'ai posté un autre commentaire mais vous ne l'affichez pas. Il déplaît à vos certitudes ?

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