mercredi 18 décembre 2019

Pedras nascidas das ondas, quand la poésie traverse la peinture.

Grâce à Saskia Weyts 

J'ai la joie de vous annoncer l'exposition de Saskia Weyts (artiste de Grâce depuis le début ), intitulée Pedras nascidas da ondas (Des pierres nées des vagues) à L'Espaço Pontes à Fundão au Portugal, où, à l'invitation de l'Association Luzlinar, elle présente jusqu'à la fin janvier des peintures réalisées en 2017 et 2018. 




 A propos de ce travail Saskia Weyts écrit sur son site d'artiste :   


 " Ces pierres, je les sors d’une seule source vivante : l’Océan.
Je les enlève de cette source, je les récolte et je les fixe pour un temps dans mon temps.
Ces pierres sont formées par les mouvements de l’eau, par des millions de mouvements des vagues qui les ont roulées sur le sable, arrondies, polies, sculptées.
Une pierre mouillée révèle sa couleur cachée, la lumière cachée dans la pierre.
La formation de ces pierres est comme celle de l’être humain : « mouvement et repos »(Jean-Yves Leloup, citant l'évangile de Thomas)
En observant ces pierres, je prends le temps de les méditer
 pour voir le secret qui se trouve enfermé dedans.
Je m’émerveille de leur présence et petit à petit je pénètre le mystère de chaque pierre, leur profondeur, leur côté caché, leur âme minérale.  Leur histoire millénaire se murmure et se chante dans leurs couleurs.
Du matériel vers l’Immatériel."


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Je reproduis ci dessous le beau texte critique, intitulé Quand la poésie traverse la peinture, écrit par le poète portugais Manuel da Silva Ramos à propos de cette exposition et de celle du peintre Cargaleiro à Castello Branco, paru le 12 décembre dernier dans le Journal de Fundaô.




Vue de l'Espaço Pontes à Fundaô



Quand la poésie traverse la peinture *



Texte paru dans le Journal de Fundaô 


 Ce sont les poètes qui dévoilent le mieux la peinture. Il suffit de regarder le passé récent, je ne dis pas au Portugal où l'habitude n'est pas enracinée, mais en France où c'est habituel et très apprécié. Ce sont, par exemple, Michel Leiris et Gilles Deleuze, poète et philosophe plein de poésie, qui ont le mieux parlé de la peinture de Francis Bacon. C’est encore Georges Bataille qui a également écrit des textes admirables sur divers peintres, mais aussi Baudelaire, Michaux, André Breton etc,.
 
Le samedi 7 décembre, au musée Cargaleiro de Castelo Branco, un beau musée cosmopolite que je ne connaissais pas, Fernando Paulouro Neves a présenté son livre de poésie « Métamorphoses - Poèmes pour Cargaleiro », une œuvre insolite qui revisite l’œuvre du peintre consacré ici, l'honore et la vivifie avec grande sensibilité et émotion.
En faisant de la poésie à travers l'œuvre de Cargaleiro, Paulouro va plus loin que les poètes mentionnés plus haut car son travail ne consiste pas à commenter, à interpréter ou à résumer l'univers du peintre mais à le faire vivre à travers des mots brûlants d’une combustion lente. En d'autres termes et comme le dit l'auteur, il s'agit « d'un câlin habillé de poèmes » ou « d'un regard poétique sur ce voyage de couleur ».
J'ai eu la chance de collaborer à cette présentation du livre en lisant quelques poèmes traduits par moi en français ( c'est un livre bilingue rare qui mérite d'être connu des Français ) et Manuel Costa Alves a lu le reste de l'ouvrage en portugais. C'était un régal d'entendre cette poésie dans la bouche de cet homme à la voix admirable. De nombreux Portugais se souviennent encore de ce Monsieur météo de la télévision... 

À côté de moi se trouvaient les premiers tableaux du peintre et j'ai été ébloui. Ils m'ont rappelé le geste australien et la peinture aborigène. En ouvrant le livre de Paulouro, nous ne devons pas être surpris par l'acuité lyrique du poète qui déclare: « vous inventez des lignes de couleurs plates / un monde abstrait / à l'intérieur de l'âme / sentiment et émotion / métamorphoses / comme un vent en vous » Ou : « Il y a un fleuve de couleurs / inventé par le temps / coulant dans vos yeux. » Et pourtant : « les vers du poème / au coeur du tableau / sont de la pure réalité / mille arbres s'élevant vers le ciel » Que Cargaleiro ait illustré deux livres du poète français Armand Guibert ( premier traducteur français de Fernando Pessoa ) prouve qu'il a toujours été attentif à la poésie. Maintenant, avec la poésie de Fernando Paulouro, le peintre était ravi.
C'est ce que nous ressentions tous, soit les soixante-dix personnes venues écouter cette poésie intemporelle, c’est qu’elle est le seul art qui transforme le monde qui passe. Les deux artistes méritent ensemble un album décent qui permettra de ne pas oublier ce dialogue insolite. Vive «la lumière sur les galets»!





Peintures de Saskia Weyts 2017/2018


À partir de pierres calcaires est également réalisée la peinture de Saskia Weyts, une artiste belge qui a une maison au Portugal, à la périphérie d'Óbidos. Ce jeudi 12, elle exposera à Espaço Pontes, à Fundão, invitée par l'Association Luzlinar. Professeur de dessin, peintre ayant obtenu de nombreuses récompenses depuis 1987, elle montre ici avec ces « Pedras Nascidas das Ondas » une fantastique démarche poétique.

Elle s'est simplement appropriée des pierres caressées par les eaux et a donné ensuite ses visions au papier. 

Ce sont des voyages et des paysages imaginaires, un cosmos surréaliste, des épiphanies métaphoriques. En doublant le temps, Saskia Weyts se positionne comme une peintre de la survie de la beauté dans une nature tourmentée par l'homme. Mémorialiste et archiviste d'un imaginaire basé sur le réel, la peintre reçoit naturellement la poésie comme un don de la nature. Et elle-même l'écrit, illustrant sa création: « Ces pierres, je les retire d'une seule source vivante, l'océan. / En regardant les pierres, je passe mon temps à méditer sur elles / pour voir le secret qui est enfermé à l'intérieur / ». 


Ne manquez pas cette exposition fascinante pour son originalité et son invention lyrique nous alerte sur un monde durable près de nous, et que, distraits, nous ne pouvons pas réaliser ou rêver." Manuel da Silva Ramos

* Le texte original est en portugais, nous l'avons traduit. 

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